« Intoxiqué par le pouvoir »

Intoxicated With Power
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Leon Fuerth a été le conseiller en sécurité intérieure de l’ancien vice-président Al Gore. Il est professeur de relations internationales à la George Washington University.

[RESUME] Le projet de mettre l’Irak sous un commandement militaire des États-Unis après la chute de Saddam Hussein prouve le manque de jugement de l’administration Bush.
Selon le projet exposé, les États-Unis mettraient en place ce mode d’administration de l’Irak unilatéralement et tiendraient à l’écart l’Iraqi National Congress. Ils empêcheraient la création d’un État kurde pour calmer les craintes turques.
L’extraction et l’exportation du pétrole irakien seraient réorganisées afin de favoriser les intérêts américains, ce qui ferait apparaître Poutine aux yeux des Russes comme l’homme qui a abandonné les intérêts de son pays en Irak.
Enfin, les criminels de guerre irakiens seraient jugés par des tribunaux militaires américains et non par des tribunaux internationaux.
Ces différents éléments du projet amèneront sans aucun doute de fortes oppositions sur la scène internationale, car les États-Unis montreront ainsi qu’ils se comportent en Empire. Le gouvernement irakien qui finira par être mis en place, apparaîtra comme une marionnette des États-Unis et n’aura aucune légitimité internationale et intérieure, ce qui obligera les USA à maintenir longtemps des troupes dans ce pays, en première ligne face à la Syrie et à l’Iran.
Ce que prépare Washington, c’est un bourbier dont il sera difficile de sortir et dont n’a pas besoin la défense du pays.

« Prendre date sur l’Irak »


Libération (France)

[AUTEUR] Jean-Pierre Chevènement est maire de Belfort et président du Pôle républicain. Il a été ministre de la Défense du gouvernement de Michel Rocard (1988-1991) et ministre de l’Intérieur de celui de Lionel Jospin (1997-2000).

[RESUME] La France a pour l’instant une politique courageuse d’opposition à la guerre en Irak et elle doit la conserver sans céder à la tentation facile de rester en dehors du conflit.
Les États-Unis veulent occuper militairement l’Irak pour y imposer un régime qui leur conviendra. Il ne s’agira pas d’une démocratie car le pouvoir arriverait alors dans les mains des Chiites, ce que les États-Unis récusent. Ils vont peut-être choisir de fractionner le pays entre les différentes communautés, ce qui déstabiliserait toute la région. De plus, leur action en Irak risque de pousser vers les mouvements islamistes ce qu’il reste du nationalisme arabe laïque. La démocratie est un régime qui ne peut provenir que du peuple, pas d’une pression extérieure.
Les États-Unis veulent que l’ONU soutienne leur politique en Irak et toutes leurs décisions prises unilatéralement. Face à cette attitude, la France doit faire entendre sa voix, voire opposer son veto aux demandes américaines au Conseil de sécurité. Elle ne perdra pas grand-chose en agissant ainsi, mais gagnera le respect des peuples du monde comme à l’époque du Général De Gaulle.

« De la guerre et de la paix »

Of war and peace
The Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Andrew Bernstein est rédacteur au Ayn Rand Institute.

[RESUME] Le prix Nobel de la paix a été décerné à Jimmy Carter, un homme à l’idéal collectiviste qui a soutenu le programme nucléaire de la Corée du Nord et Fidel Castro. La conception de la paix de Jimmy Carter se base, lors de négociations, sur son égal respect pour les dictatures et les démocraties.
Cette récompense montre bien que le Comité Nobel ne comprend rien aux causes des guerres. Ce sont les régimes étatistes, méprisant les droits des individus, qui font la guerre, à la différence des États libres.
Le Comité Nobel a souvent récompensé des dirigeants des régimes étatistes, tel Yasser Arafat en 1994, bien qu’il soit un dictateur meurtrier qui attaque le peuple libre d’Israël ; ou Le Duc Tho en 1973, le communiste Nord-Vietnamien. Souvent ce comité a récompensé des personnes critiquant les États-Unis, le pays le plus libre et le plus respectueux des libertés individuelles au monde, ou le capitalisme. Pourtant les hommes d’affaires respectent les droits de tous les individus et font la promotion de ce qu’il y a de meilleur chez l’homme : l’initiative individuelle et l’innovation.
Le Comité Nobel condamne ainsi le seul système protégeant les droits des individus. Il faudrait créer un prix capitaliste de la paix.

« Le contrecoup du terrorisme en Indonésie »

Terror’s Aftermath in Indonesia
The New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Sidney Jones est directeur de l’Indonesia project de l’International Crisis Group.

[RESUME] Après le 11 septembre, un fort sentiment de cohésion nationale s’est développé aux États-Unis. En Indonésie, rien de tel n’a eu lieu après l’attentat de Bali.
Cela est dû au manque de confiance des Indonésiens envers leur gouvernement, pilier de l’unité nationale, et à la faiblesse des institutions locales.
Les Indonésiens, écœurés par les pratiques de l’armée et de la police, prompts à la violence et à la dénonciation des opposants au régime, se méfient des messages émanant des forces de l’ordre. Nombreux sont ceux, dans la population, qui considèrent que ce sont les États-Unis qui ont posé la bombe pour entraîner le pays dans la guerre au terrorisme. Aussi craignent-ils de nouvelles lois anti-terroristes qui briseront les réformes démocratiques engagées.
Les États-Unis doivent soutenir les institutions indonésiennes sans lesquelles la guerre au terrorisme dans cette région sera inefficace. Le 27 octobre, le Consultative Group on Indonesia discutera de l’aide économique à apporter à ce pays. Faire confiance au gouvernement indonésien en l’aidant, permettra peut-être à la population locale d’avoir une meilleure image de son gouvernement.

« Le terrorisme a des racines profondes en Indonésie »

Terror has deep roots in Indonesia
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Wimar Witoelar est professeur à la Deakin University, en Australie. Il a été porte-parole du président indonésien Abdurrahman Wahid (2000-2001).

[RESUME] Al Quaïda a été désigné comme responsable de l’attentat de Bali par le président Bush, par le ministre des Affaires étrangères australien, Alexander Downer, et par le ministre de la Défense indonésien, Matori Abdul Djalil, alors qu’aucune enquête n’avait encore commencée.
Il existe pourtant de nombreux groupes qui auraient pu commettre cet attentat. Le Jemah Islamiyah, accusé aujourd’hui d’être une ramification d’Al Quaïda, a été créé par le président Suharto et l’armée pour lutter contre les communistes. La chute de Suharto a fait entrer un certain nombre de militaires dans une optique terroriste et ils ont formé des groupes dans et en dehors de l’armée pour reprendre le pouvoir. Ces groupes ont commis des massacres pires que celui de Bali, mais moins médiatisés internationalement car n’ayant pas fait de victimes occidentales. Ces militaires avaient les moyens et les raisons de vouloir décrédibiliser le gouvernement et les réformes qu’il a engagées.
Vu de l’étranger, la lutte contre le terrorisme en Indonésie paraît inefficace en raison des efforts du gouvernement pour garder de bonnes relations avec les partis musulmans. Pourtant ces partis sont les premiers à dénoncer le terrorisme et la lutte contre les terroristes ne les dérange pas.
Le gouvernement indonésien à une chance de gagner en légitimité internationale en luttant contre le terrorisme et Bush les soutiendra tant qu’il croira que Al Quaïda est responsable de l’attaque. Toutefois, c’est la population locale qui risque de payer les frais d’une telle politique.