« Indispensable ONU »
Indispensable ONU
Le Monde (France)
[AUTEUR] Kjell Magne Bondevik est le Premier ministre norvégien.
[RESUME] La création de l’ONU est une réaction aux horreurs du XXème siècle et cette organisation reste d’actualité pour assurer la promotion de la justice, de la paix et la coopération entre les peuples. La Norvège a joué un rôle actif dans la rédaction de la Charte de l’ONU et le premier secrétaire général de l’organisation fut un Norvégien.
Dans la crise irakienne, beaucoup ne prennent pas assez en compte la nécessité de respecter la Charte de l’ONU pour resoudre les conflits internationaux. Nous avons craint le pire quand les États-Unis se sont interrogés sur le simple fait de débattre de la question irakienne au Conseil de sécurité, et nous avons vu avec soulagement le discours de George Bush aux Nations Unies. Lors de crises aussi graves, la solution doit être recherché par la communauté internationale et nous mettons les États-Unis en garde contre une intervention qui ne serait pas appuyée par l’ONU. Si Washington agit maintenant, il qui ne respectera pas la résolution 1441. Il incitera également Saddam Hussein à utiliser ses armes de destruction massive et fragilisera l’ONU, institution dont le monde a besoin.
« Au-delà de l’Irak »
Au-delà de l’Irak
Le Monde (France)
[AUTEUR] Philippe Séguin est ancien président de l’Assemblée nationale (1993-1997) et ancien ministre des Affaires sociales (1986-1988).
[RESUME] Au-delà de l’Irak, le différend franco-américain traduit deux visions divergentes de l’ordre international et de la mondialisation. C’est la place de l’ONU qui oppose la France et les États-Unis et c’est donc la démocratie au niveau internationale qui est en cause dans cette opposition.
Ce que l’on appelle le nouvel ordre international, défendu par les États-Unis, n’est en fait qu’un ordre par défaut traduisant la domination sans partage de la seule superpuissance mondiale. Cet ordre n’existe qu’au profit d’intérêts nationaux étroits dont on prétend qu’ils se confondent avec des valeurs universelles. C’est cette situation qui est en train de vicier la mondialisation dont les modalités de régulation et les rêves d’équité sont sapés par cette donne géostratégique.
Seule l’émergence de l’Europe peut permettre une multipolarisation du processus de décision planétaire, mais encore faut-il qu’elle en ait le courage politique et qu’elle ne se contente pas de sauver les organismes internationaux existants. Il faut assurer une vraie cohérence entre les organisations internationales qui composent le système multilatéral. C’est tout le mérite de Jacques Chirac que d’avoir compris que c’était cela le grand enjeu derrière la crise irakienne et d’avoir commencé à appliquer cette politique.
« La priorité de la politique étrangère du Brésil sera l’Amérique latine »
La prioridad de la política exterior de Brasil será América latina
Clarìn (Argentine)
[AUTEUR] Luiz Inacio « Lula » da Silva est président de la république du Brésil et ancien syndicaliste.
[RESUME] Le Brésil est un grand pays que certaines politiques économiques ont rendu plus vulnérable sur le plan international car les anciens dirigeants du Brésil ont cru que l’économie du pays dépendait exclusivement des flux internationaux. Aujourd’hui pour faire face à la pauvreté et la misère dans notre pays, il faut un changement de modèle économique. Pour cela il faut changer la place du Brésil dans le monde en commençant par nous concentrer sur l’Amérique latine et surtout sur le Mercosur.
Certains ont préconisé la fin du Mercosur en raison des grands écarts macroéconomiques entre le Brésil et l’Argentine. Nous voulons au contraire développer les échanges au sein de cette organisation et même créer un Parlement élu du Mercosur, une Banque centrale et une monnaie commune et développer une politique étrangère commune qui permettra d’établir un dialogue avec l’Union Européenne et les États-Unis. Ce dialogue permettra de négocier un accord de libre-échange en Amérique qui fera, à terme, disparaître les mesures protectionnistes des États-Unis et diminuer les disparités de richesses entre les deux hémisphères.
Dans le même temps, le Brésil va développer ses relations bilatérales avec l’Afrique du Sud, la Chine, la Russie et le Mexique. Nous allons aussi demander une démocratisation des instances internationales et une réforme du statut du conseil de sécurité de l’ONU. Le Brésil soutient également, en vue d’assurer la paix dans le monde, une politique de désarmement, surtout de désarmement nucléaire.
« Envoyer Sharon au tribunal. Ici. »
Put Sharon on trial. Here.
Ha’aretz (Israël)
[AUTEUR] Le Rabbin David Forman est président de Rabbis for Human Rights
[RESUME] Israël a toujours été fier d’affirmer qu’il garde la « pureté de ses armes » et ne succombe pas à l’influence corruptrice de la guerre. Pourtant aujourd’hui, dans la guerre non-consensuelle qui oppose Israël et l’Autorité Palestinienne, de nombreux innocents Palestiniens sont tués chaque jours par nos soldats.
Les envies de vengeances des soldats ayant vus mourir leurs camarades sont compréhensibles, mais c’est justement le devoir de l’armée de réfréner ces pulsions. Si elle ne le fait pas et qu’elle laisse commettre des crimes, c’est toute la chaîne de commandement qui est à condamner et en premier lieu son plus haut dirigeant : le Premier ministre. La perte de l’éthique de l’armée israélienne a commencé avec le massacre de Sabra et Chatilla, commis sous la tutelle du ministre de la Défense de l’époque, Ariel Sharon. La carrière de Sharon montre que les principes qui ont entraîné ce massacre ont guidé toute son action, en opposition avec l’éthique traditionnelle de l’armée.
La communauté internationale veut faire un procès à Sharon pour Sabra et Chatila. Nous, nous voulons l’inculper devant une cour juive pour le mal qu’il a fait à la morale de notre armée et pour les morts que cela a provoqué.
« Les antisémites contre la guerre »
The Antiwar Anti-Semites
The Wall Street Journal, editorial page (États-Unis)
[AUTEUR] Le Rabbin Michael Lerner est rédacteur en chef de Tikkun magazine. Il est l’auteur de Healing Israel/Palestine et il est rabbin de la synagogue Beyt Tikkun de San Francisco.
[RESUME] Bien qu’étant opposé à la guerre en Irak, on m’a empêché de parler à un rassemblement en faveur de la paix à San Francisco car je suis rédacteur en chef de Tikkun magazine, un magazine juif libéral. Ma faute était d’avoir condamnée dans les colonnes de ce magazine le fait qu’A.N.S.W.E.R., l’un des quatre organisateurs de la manifestation se serve des manifestation anti-guerre pour faire de la propagande anti-Israël. ANSWER a donc opposé son veto à mon discours, car j’étais « pro-Israël ». Si ANSWER était accusé de racisme, de sexisme ou d’homophobie, il n’aurait pas été associé à la manifestation, mais l’antisémitisme est considéré différemment à gauche.
Pourquoi faut-il forcément lier opposition à la guerre et slogans anti-israéliens ou soutien aux terroristes palestiniens ? On peut critiquer la politique d’Ariel Sharon sans nier le droit à l’existence d’Israël. Nous, nous avons créé une association qui défend le droit des Palestiniens à avoir un État, qui milite pour le retrait des troupes israéliennes des territoires et pour le versement d’une indemnité pour les Palestiniens réfugiés, mais qui milite également pour des réparations pour les juifs expulsés de pays arabes et pour l’intégration d’Israël dans l’OTAN. Il n’y a aucune raison de devoir supporter l’antisémitisme de la gauche au nom du combat contre la guerre.
« Ce sera à Sharon d’inventer la paix »
Ce sera à Sharon d’inventer la paix
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Shlomo Ben-Ami a été ministre des Affaires étrangères travailliste dans le gouvernement d’Ehud Barak. Il écrit en ce moment un livre sur le processus de paix. Ce texte est le résumé d’un entretien qu’il a accordé au Figaro.
[RESUME] La droite israélienne est incapable d’installer une « paix gaulliste » avec les Palestiniens, semblable à celle que l’ancien président français a conclue en Algérie, car la question palestinienne touche aux éléments les plus sensibles de la conscience collective de la droite israélienne.
Cependant, peut-être qu’après avoir libéré l’Irak, les Américains voudront lancer une plate-forme de paix israélo-palestinienne. Pour l’instant, Ariel Sharon n’a pas proposé de plan de paix et il ne fait que parier sur l’arrivée d’un dirigeant palestinien plus modéré à la tête de l’Autorité Palestinienne. Pourtant, c’est la droite qui a gagné les élections et c’est à elle d’inventer la paix et de redonner confiance dans le processus de paix à la population israélienne.
Le rôle des États-Unis sera déterminant après la guerre en Irak. Aussi, il faut espérer que George W. Bush fera pression sur Sharon pour qu’il applique les paramètres de la paix définis à l’époque par Bill Clinton une fois que le Premier ministre israélien aura perdu l’argument de l’instabilité régionale pour freiner le processus. C’est pour cela que les Européens doivent cesser de s’opposer à la guerre en Irak et ils doivent plutôt tenter de construire, avec les États-Unis une vision commune du Proche-Orient qui bénéficierait enfin d’une légitimité réelle. Cela permettrait peut-être d’installer un « mandat international » sur les territoires.
Actuellement, on assiste à un nouveau partage du monde entre Paris, Moscou et Pékin qui fait moins de place aux États-Unis. Il nous faut pourtant aider les États-Unis à résister pour sauvegarder l’ONU et l’OTAN.
« Soyez patient dans le Jihad »
’Be patient in the jihad’
The Independant (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Ce texte est attribué à Oussama ben Laden, dirigeant d’Al Qaïda, accusé par les États-Unis d’être le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. Il est extrait d’une cassette audio dont l’existence a été révélée par l’administration Bush, puis qui a été diffusée par la télévision du Qatar Al-Jazeera.
[RESUME] Nous regardons avec une grande préoccupation la préparation des croisés pour attaquer l’Irak, occuper une ancienne capitale de l’Islam et y installer une marionnette de Washington et de Tel-Aviv, semblable aux autres gouvernements arabes. Ce serait un premier pas pour créer un « Grand Israël ».
Nous devons défendre nos valeurs et combattre au nom de Dieu, l’unique, contre les infidèles et les débauchés dirigés par l’Amérique. L’ennemi Américain s’appuie sur les frappes aériennes pour mener sa guerre, prouvant ainsi la couardise de ses soldats convaincus des mensonges de leur gouvernement. Nous devons combattre et être patients.
« Une guerre pour le pétrole ? »
A War for Oil ? Not This Time
New York Times (États-Unis)
[AUTEUR] Max Boot est membre du Council on Foreign Relations. Journaliste réputé dans les milieux économiques, il dirige la page éditoriale du Wall Street Journal. Il a publié The Savage Wars of Peace : Small Wars and the Rise of American Power. Il est expert du cabinet de relations publiques Benador Associates.
[RESUME] Une grande majorité des Européens croient que les États-Unis attaquent l’Irak pour le pétrole alors que moins d’un quart des Américains adhérent à cette affirmation. Si Washington voulait vraiment le pétrole irakien, il lui serait plus facile de lever l’embargo et de l’acheter.
Le Council on Foreign Relations et le James A. Baker III Institute ont calculé qu’il faudrait trois ans de travaux et cinq milliards de dollars d’investissement pour que le pétrole irakien retrouve son niveau de production d’avant 1990. L’argument selon lequel les États-Unis veulent faire augmenter la production irakienne pour baisser le prix du pétrole ne tient donc pas la route. De toute façon, comme le Koweït en 1991, un Irak libéré deviendrait sans doute un membre enthousiaste de l’OPEP et Washington ne veut pas d’un pétrole trop peu cher qui anéantirait la production texane. Enfin, le dernier argument : les contrats de reconstruction rapporteraient moins que la guerre ne coûtera. Cela ne signifie pas que le pétrole n’a pas de liens avec le conflit. En effet, sans les revenus du pétrole Saddam Hussein serait beaucoup moins dangereux.
Si les Européens croient que nous allons en Irak par cupidité, c’est parce qu’ils transposent leur propre mentalité sur nos actions. Tout n’est pas toujours pur dans la politique étrangère américaine, mais elle est au moins toujours guidé par une forme d’idéalisme. L’Europe est incapable d’imaginer que nous agissons pour la sauvegarde du monde.
« Le Dur à cuire d’Allemagne »
Germany’s Mr. Tough Guy
Washington Post (États-Unis)
[AUTEUR] Michael Kelly est rédacteur en chef d’Atlantic Monthly, un magazine à grand tirage soutenu par l’American Entreprise Institute.
[RESUME] M. Joshka Fisher, vous avez affirmé ne pas être convaincu par les arguments de Donald Rumsfeld en faveur d’une guerre contre l’Irak. Ce n’est pas étonnant quand on connaît votre vie M. Fischer.
dans son article « The Passion of Joschka Fischer », Paul Berman, rappelle que vous n’avez pas toujours été le respectable ministre des Affaires étrangères de la coalition rouge-verte au pouvoir en Allemagne. Dans les années 70, vous étiez un activiste d’extrême gauche proche de la Fraction Armée Rouge. En 1973, vous avez tabassé avec vos amis un jeune policier dans une manifestation. En 1976, d’après certains témoignages, vous avez préparé le cocktail Molotov qui a failli tuer un policier. En 2001, lors du procès de votre ami Hans Joachim Klein vous avez été accusé d’avoir hébergé des membres de la Fraction Armée Rouge avec votre ami Daniel Cohn-Bendit. Vous étiez l’ami de Klein qui avait aidé les meurtriers des athlètes israéliens à Munich. Vous étiez l’ami de Boese qui a détourné un avion d’Air France rempli d’Israéliens en direction d’Entébé en Ouganda. Sans l’intervention de l’armée israélienne, ils auraient été exécutés.
Voilà ce ques vous étiez, vous qui n’êtes pas convaincu par Donald Rumsfeld, un homme à qui il faut une prise d’otage pour être convaincu que tuer des juifs, c’est mal.
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