« Saddam Hussein a 48 heures pour quitter l’Irak »
Saddam Hussein Must Leave Iraq Within 48 Hours
Service de presse de la Maison Blanche
Ce texte est également disponible en français sur le site du Réseau Voltaire.
[AUTEUR] George W. Bush est président des États-Unis.
[RESUME] Nous sommes dans les derniers jours de décisions concernant les évènements en Irak. Pendant douze ans, nous avons consenti des efforts pour désarmer l’Irak en évitant la guerre, en adoptant plus d’une douzaine de résolutions au Conseil de sécurité et en envoyant des dizaines d’inspecteurs en armement, mais le régime irakien s’est servi de la diplomatie pour gagner du temps et des avantages sans désarmer.
Nos renseignements et ceux d’autres pays viennent confirmer que l’Irak possède toujours des armes parmi les plus mortelles qui aient jamais été mises au point. Nous savons que son régime les a déjà utilisées contre ses voisins et son peuple, qu’il hait l’Amérique et ses amis et qu’il abrite et forme des terroristes, y compris des membres d’Al Qaïda. Le danger est évident : en utilisant les armes de destruction massive irakiennes, les terroristes pourraient tuer des centaines de milliers de gens innocents dans notre pays ou un autre. Nous éviterons cette catastrophe.
Les États-Unis ont l’autorité souveraine d’utiliser la force pour garantir leur propre sûreté nationale. C’est à moi qu’appartient cette responsabilité, conformément à mon serment et au vote du Congrès m’autorisant à attaquer l’Irak. Les États-Unis ont travaillé avec l’ONU pour régler cette crise pacifiquement et nous avons adopté la résolution 1441 qui rappelait à l’Irak qu’il n’avait toujours pas respecté ses obligations et qu’il avait une dernière chance de le faire avant de s’exposer à de graves conséquences. Aucun pays ne peut aujourd’hui prétendre que l’Irak a désarmé et il ne désarmera pas tant que Saddam Hussein sera au pouvoir. Cependant certains membres du Conseil de sécurité ont annoncé qu’ils opposeraient leur veto à toute résolution qui forcerait l’Irak à désarmer car ils ne partagent pas notre détermination à faire face à cette menace qu’ils reconnaissent pourtant. Heureusement de nombreux États ont le courage d’agir et si le Conseil de sécurité ne s’est pas montré à la hauteur de ses responsabilités, nous assumerons les nôtres.
Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l’Irak dans les 48 heures ou un conflit armé commencera quand nous le désirerons. Pour leur sécurité, les ressortissants étrangers doivent quitter l’Irak immédiatement. Je veux dire aux Irakiens que cette campagne militaire vise les hommes sans foi ni loi qui sont au pouvoir dans leur pays. Lorsque nous aurons chassé ces hommes du pouvoir, notre coalition vous donnera les vivres et les médicaments dont vous avez besoin et nous vous aiderons à construire un Irak prospère et libre. Je demande également à l’armée irakienne de ne pas lutter jusqu’à la mort pour un régime qui ne le mérite pas. De même, ne détruisez pas les puits de pétrole qui sont la richesse du peuple irakien et n’utilisez pas d’armes de destruction massive contre quiconque. Les criminels de guerre seront poursuivis.
Si Saddam Hussein devait choisir l’affrontement, le peuple américain saura que l’on a pris toutes les mesures pour éviter la guerre et il sait qu’il devra faire des sacrifices. Jusqu’au bout, Saddam Hussein restera un ennemi mortel et les risques d’attentats sur notre sol ou celui de nos amis existent. C’est pour cette raison que nous avons accru les mesures de sécurité. Même si nous étions frappés, nous ne nous laisserions pas détourner de notre but : s’attaquer à la menace en gestation avant qu’elle ne soit trop dangereuse. Au XXème siècle, nous avons vu que la politique d’apaisement avec les dictateurs pouvait mener au génocide et à la guerre mondiale, c’est pourquoi face aux armes de destruction massive nous rejetons cette politique.
La sécurité du monde exige le désarmement immédiat de Saddam Hussein. La chute du dictateur permettra de faire de l’Irak un exemple de pays pacifique et se gouvernant lui-même pour le Moyen-Orient. Les États-Unis œuvrent à promouvoir la liberté et la paix dans cette région, mais cela ne se fera pas en un jour.
Les États-Unis et leurs alliés vont prendre leurs responsabilités et défendre leurs peuples.
Que Dieu continue de bénir l’Amérique.
« S’affranchir de la légitimité des Nations Unies, ce serait prendre une lourde responsabilité »
Déclaration sur l’Irak du président de la République
Service de presse de l’Élysée (France)
[AUTEUR] Jacques Chirac est président de la République française.
[RESUME] Depuis le début de la crise irakienne, la France s’est attachée à rendre possible le nécessaire désarmement de l’Irak sous l’autorité des Nations unies en vertu du droit international, de sa conception des rapports entre les peuples et entre les nations et de la Charte de l’ONU. Les inspections fonctionnent et la France, comme la grande majorité de la communauté internationale et des membres du Conseil de sécurité, estime donc que la guerre n’est pas justifiée.
Pour le désarmement nécessaire de l’Irak ou le changement souhaitable de régime, l’ultimatum unilatéral ne se justifie pas. C’est une décision grave pour l’avenir d’un peuple, d’une région et la stabilité du monde. Les inspections sont une alternative crédible à la guerre et elles permettent de régler pacifiquement les crises liées à la prolifération des armes de destruction massive. De plus, l’Irak n’est pas aujourd’hui une menace imminente.
La France en appelle à la responsabilité de chacun, à un respect de la légalité internationale et à un retour au cadre de la résolution 1441.
S’affranchir de la légitimité des Nations Unies, privilégier la force sur le droit, ce serait prendre une lourde responsabilité.
« Pourquoi il a fallu que je quitte le gouvernement »
Why I had to leave the cabinet
The Guardian (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Robin Cook était, jusqu’à hier, le ministre travailliste des relations avec le Parlement britannique.
[RESUME] J’ai démissionné du gouvernement car le traditionnel respect du Parti travailliste pour la communauté internationale, ses règles et ses institutions a été violé. Je ne peux pas défendre une guerre qui n’a pas de soutien intérieur et ne se base pas sur un accord international.
J’ai soutenu les efforts de Tony Blair et Jack Straw pour obtenir une nouvelle résolution, mais maintenant qu’ils ont échoué, ils ne peuvent pas dire que cette résolution n’avait pas d’importance. De même, ils ne peuvent pas s’en prendre à la France seule, alors que l’Allemagne et la Russie aussi s’opposent à notre position. En fait, la Grande-Bretagne est en train de s’engager dans une guerre qui n’est soutenue ni par l’OTAN, ni par l’Union Européenne, ni par le Conseil de sécurité. La large coalition de la guerre au terrorisme n’existe plus à cause des erreurs diplomatiques. Le Royaume-Uni n’est pas une superpuissance, or nous avons affaibli toutes les institutions internationales auxquels nous appartenons.
Cette guerre va faire des milliers de morts civils à cause de la stratégie du « Shock and Awe » alors que l’armée irakienne est extrêmement faible. On ne peut pas à la fois fonder sa stratégie sur la faiblesse de l’adversaire et justifier des frappes préventives en affirmant que l’Irak est une menace. Si l’Irak est une menace à cause de ses armes de destruction massive, rappelons que cette menace existe depuis vingt ans et que ce sont les gouvernements états-unien et britannique qui l’ont créée. De plus, quand on affirme que cela fait douze ans que l’Irak refuse d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, souvenons nous que cela fait trente ans qu’Israël refuse la résolution 242.
Je ne peux m’empêcher de penser que si le vote en Floride avait été différent et qu’Al Gore avait été élu, nous n’en serions pas là. Nous savons que Saddam Hussein est un dictateur, mais il n’y a pas de preuves qu’il est une menace. Nous ne devons pas faire une guerre contre l’avis de nos alliés traditionnels. C’est pourquoi je demande à la Chambre des communes de s’opposer à la guerre.
« Faites confiance au jugement de Tony »
Trust Tony’s judgment
The Guardian (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Bill Clinton est ancien président des États-Unis (1993-2001).
[RESUME] Lors de mon discours de Blackpool devant le Parti travailliste, en octobre, j’avais soutenu l’action de George W. Bush et Tony Blair pour éliminer les armes de destruction massive de Saddam Hussein tout en leur demandant de passer par l’ONU pour cela. En novembre, la résolution 1441, obtenue grâce à l’action de Blair, rappelait que l’Irak s’exposait à de graves conséquences en ne désarmant pas.
En réaction à cette résolution Saddam Hussein a agit de façon à laisser l’ONU divisée sur l’usage de la force et la question des armes biologiques et chimiques est resté irrésolue. Les faucons en Amérique en ont profité pour exiger une attaque immédiate contre l’Irak, un changement de régime n’ayant rien à voir avec le désarmement, et ont discrédité les inspections. De l’autre côté, la France, l’Allemagne et la Russie font confiance aux inspections, mais perdent de vue que seule la menace militaire les rend possibles. Blair a essayé de réunifier l’ONU en proposant une nouvelle résolution, mais la France et la Russie, croyant que la seule présence des inspecteurs est suffisante pour empêcher l’Irak d’être une menace, ont annoncé qu’ils utiliseraient leur veto.
Cette annonce de veto a sapé les efforts diplomatiques alors que le projet de résolution de Blair pouvait encore empêcher la guerre. Comme Blair l’a dit, cette guerre entraînera des victimes civiles et augmente les possibilités de recrutement des terroristes, mais nous ne pouvons pas laisser persister cette menace. Si la France et la Russie avaient soutenu la résolution de Blair, Hans Blix et ses inspecteurs auraient eu plus de poids et de temps pour faire leur travail.
Comme en 1998 en Irak et en 1999 au Kosovo, Tony Blair doit affronter les critiques, mais il fait ce qu’il y a de mieux pour les Britanniques. J’ai confiance en lui et j’espère que c’est également le cas des Britanniques.
« Bush est en train de jouer à la roulette irakienne »
Bush Playing Iraqi Roulette
Moscow Times (Russie)
[AUTEUR] Boris Kagarlitsky est directeur de l’Institute of Globalization Studies
[RESUME] L’administration Bush parie sur la guerre, pas à cause de Saddam Hussein ou du pétrole irakien, mais parce que l’absence de guerre prouverait que toute la politique étrangère des États-Unis de ces dernières années était inutile. Bien sûr, George W. Bush pourrait affirmer que l’Irak n’a désarmé que grâce à la présence des militaires états-uniens, c’est ce qu’espèrent les dirigeants européens et arabes, mais l’Irak est devenu un problème intérieur des États-Unis. Les nationalistes veulent du sang. L’Américain moyen, influencé par les médias de son pays, veut une guerre. Et Bush a besoin de leur vote, pas de ceux des pacifistes.
Toutefois, cette guerre ne lui sera utile que si elle est courte. Pour cela, il faut que l’adversaire soit faible et ne soit pas prêt à se battre jusqu’à la mort. Les Américains ont fait de leur mieux pour sélectionner ce genre d’adversaire ces dernières années. C’est comme cela qu’ils ont réussi à terminer leurs guerres par des compromis avec l’Irak en 1991, les Serbes en 1999 et les Afghans en 2001. Pourtant, cette fois ci, la situation pourrait être différente. En effet, les Irakiens auraient aimé voir arriver les États-Unis en 1991, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui et les États-Unis n’ont pas laissé d’échappatoire à Saddam Hussein.
Bush a pris un gros risque. Si la guerre dure moins d’un mois et que l’occupation se passe bien, il parviendra à marginaliser les Européens et les pacifistes et il sera triomphalement réélu. Mais si la guerre se prolonge et que l’occupation doit faire face à une guérilla de type tchétchène, c’est l’administration Bush qui sera isolée.
« La sécurité des peuples »
La sécurité des peuples
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Alvaro Gil-Robles est commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
[RESUME] Il y a quelques semaines, j’ai vu la situation en Tchétchénie et auparavant j’avais vu la situation dans les Balkans. À chaque vision de ce spectacle d’horreur, je me dis que tout doit être entrepris pour éviter de nouveaux conflits. Je ne suis pas un pacifiste et je pense que la légitime défense ou la lutte contre les violations massives des Droits de l’homme peut aboutir en dernier recours à une intervention armée. Mais sommes nous dans cette situation en Irak ? Non.
Les inspecteurs poursuivent leur travail et ils progressent. C’est s’ils étaient dans l’impasse que la communauté internationale aurait une légitimité pour analyser dans quelle mesure la situation constitue une menace pour la sécurité des peuples et quelle action elle nécessite en conséquence. Aujourd’hui, ni les opinions publiques, ni la majorité des membres du Conseil de sécurité ne sont convaincus du bien fondé d’une guerre. Le déploiement militaire américano-britannique a contraint le dictateur irakien à collaborer avec les inspecteurs. Pourquoi ne pas leur laisser faire leur travail ?
Cette situation a au moins l’avantage d’avoir généré dans l’Europe entière et d’autres pays du monde une prise de conscience en faveur des solutions pacifiques, d’avoir fait du Conseil de sécurité un vrai lieu de débat et d’avoir rappelé que sans la légitimité conférée par la communauté internationale, la force seule ne suffisait pas. Ce dernier point est d’autant plus important que la lutte contre le terrorisme requiert une défense des valeurs démocratiques et des Droits de l’homme.
J’ai vu de trop près les effets dévastateurs de la guerre sur les populations civiles pour pouvoir supporter les évocations des bienfaits d’une « guerre courte », propre, avec peu de victimes (les nôtres on suppose) etc… La vérité est qu’on sait comment commence une guerre, jamais comment elle finit et quelles seront ses conséquences.
« Les leçons de Churchill et d’Eisenhower »
Les leçons de Churchill et d’Eisenhower
Le Figaro (France)
Ce texte a aussi été publié aujourd’hui par l’International Herald Tribune sous le titre : « Our alliances must endure ».
[AUTEUR] Le Général Gordon R. Sullivan est ancien chef d’état major de l’armée américaine. Il est président de l’Association of the U.S. Army et de la Society of the 1st Infantry Division qui débarqua sur les plages de Normandie le 6 juin 1944.
[RESUME] Beaucoup d’Américains sont agacés par la diplomatie française qui contrarie les plans de l’administration Bush et trop nombreux sont ceux qui rappellent « ce que la France doit à l’Amérique ».
En réalité, l’Amérique n’a pas libéré seule la France. Elle a été aidée par la Grande Bretagne, le Canada et aussi des Français, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il faut se souvenir que l’alliance de l’époque ne fut obtenue qu’après d’âpres débats, non seulement entre Américains et Britanniques, mais aussi entre De Gaulle et Roosevelt. Il fallut à l’époque toute l’habileté d’Eisenhower et Churchill pour résoudre ce différend et permettre l’édification d’une France forte et démocratique face à l’URSS.
Aujourd’hui, à nouveau, l’Amérique conduit une guerre, contre les terroristes cette fois. Elle doit affronter des alliés « rebelles » et cela l’irrite. Mais nous devons répondre à la même question que Churchill en 1944 : quel après-guerre voulons nous construire ? Après la guerre en Irak, la guerre au terrorisme devra être poursuivie et, dans ce contexte, la vague de commentaires anti-français et anti-allemands est indigne.
L’après-guerre en Irak nécessitera des alliances fortes et durables. La coopération française et allemande sera primordiale dans la guerre au terrorisme.
« L’exemple roumain »
Romania’s Example
Washington Post
[AUTEUR] Ion Iliescu est président de la Roumanie
[RESUME] En décembre 1989, Bucarest était un endroit sinistre où la population manquait de nourriture, de moyens de se chauffer et d’électricité à cause de la politique de Ceausescu. Toute contestation de cette politique était réprimée, mais même la pire des oppressions ne pouvait pas anéantir la soif de liberté des Roumains. La dictature fut renversée et l’armée envoyée pour écraser la révolte se retourna contre la tyrannie.
Plus de treize années plus tard, la Roumanie est inscrite dans un processus irréversible d’intégration dans la communauté des nations démocratiques. Le passage d’un système totalitaire à une démocratie avec une économie de marché ne s’est pas fait sans mal. Pourtant aujourd’hui nous connaissons une croissance économique, nous avons rejoint l’OTAN et nous serons membres de l’Union Européenne en 2007.
Ceausescu ne possédait pas d’armes de destruction massive et ne menaçait pas ses voisins, mais nous n’oublions pas sa tyrannie. Pour les Roumains, toute attaque contre la liberté en Europe, les États-Unis ou le monde est inacceptable. Aussi, la Roumanie soutient toutes les résolutions demandant le désarmement de l’Irak. L’Irak doit s’y plier et, bien que nous préférions une solution pacifique, nous comprenons la nécessité pour la communauté internationale d’agir contre la menace des armes de destruction massive par la force s’il le faut.
La Roumanie a prouvé qu’une dictature pouvait s’effondrer en quelques heures si le peuple comprend qu’il a le droit de vivre en liberté. C’est ce que nous souhaitons au peuple irakien, peuple qui a des contacts étroits avec la Roumanie.
« Une célébrité, mais d’abord un citoyen »
A Celebrity, but First a Citizen
Los Angeles Times (États-Unis)
[AUTEUR] Martin Sheen est acteur états-unien. Il joue le rôle du président des États-Unis dans la série télévisée The West Wing.
[RESUME] Je ne suis pas le président, mais j’ai un statut encore plus élevé, celui de citoyen des États-Unis. La citoyenneté est un droit de naissance qui n’exonère pas de responsabilités. Les citoyens ont le devoir de participer aux affaires de l’État et de soutenir ou de critiquer les actions menées en leur nom.
C’est au nom de ce devoir et du droit international que nous affirmons que la guerre n’est pas la bienvenue et qu’elle est mauvaise.
Moi et les autres acteurs qui ont défendu cette position avons été critiqués en raison de notre célébrité. Ces attaques sont insultantes pour nous et toutes les personnes qui aiment leur pays, mais risquent sa colère en allant à l’encontre de la politique de son gouvernement. Nous profitons simplement de notre célébrité pour donner une voix à ceux qui n’ont pas la parole. Il n’est de toute façon pas question de nous, mais de vie et de mort.
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