« Message de George W. Bush aux Irakiens »

Message de George W. Bush aux Irakiens
Réseau Voltaire (France)

[AUTEUR] George W. Bush est président des États-Unis. Cette tribune résume un discours diffusé sur les ondes irakiennes.

[RESUME] Nous sommes en train de mettre fin au régime de Saddam Hussein et nous continuerons jusqu’à ce que sa bande corrompue soit partie. Bientôt, l’Irak sera entre vos mains.
Nous venons pour mettre fin à un régime despotique qui menace le monde. Les forces de la coalition aideront à maintenir l’ordre et vous distribueront une aide humanitaire. Nous respecterons vos traditions religieuses et nous vous aiderons à établir un gouvernement pacifique et représentatif. L’Irak restera une nation unifiée, indépendante et souveraine.
Vous méritez mieux que les salles de torture, la tyrannie et la corruption ; vous méritez de vivre libres et vous le serez bientôt.

« Nous ne voulions pas de cette guerre »

We did not want this war
The Independent (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Tony Blair est le Premier ministre travailliste britannique. Cette tribune résume un discours diffusé sur les ondes irakiennes.

[RESUME] Je suis fier de vous annoncer que le régime de Saddam Hussein s’est effondré, que l’oppression est terminée et qu’un meilleur futur s’offre à vous.
Nous ne voulions pas de cette guerre, mais Saddam ne nous a pas laissé le choix en refusant d’abandonner ses armes de destruction massive. Nous l’avons conduite en faisant tout pour limiter le nombre de victimes civiles. Nous ne sommes pas des conquérants. Nous ne resterons pas plus que nécessaire dans votre pays et nous ne vous abandonnerons pas comme en 1991. Ensemble, nous allons construire un Irak pacifique et prospère.
Nous vous amènerons une aide humanitaire et nous mettons en place un gouvernement de transition qui laissera la place à un gouvernement irakien représentatif. Saddam vous a volé vos richesses, nous allons vous les rendre. Aujourd’hui, nous voulons vous donner la chance de reconstruire votre pays.

« Reconstruire l’Irak, désarmer la Corée du Nord »

Rebuild Iraq, Disarm North Korea
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] L’amiral retraité Stansfield Turner est ancien directeur de la CIA sous l’administration Carter (1977-1981). Il est professeur à la School of Public Affairs de l’University of Maryland

[RESUME] Afin de restaurer les relations entre les États-Unis et les pays opposés à la guerre en Irak et de mieux faire face à la crise coréenne, Washington doit redonner la responsabilité de trouver les armes de destruction massive à l’ONU.
Cela exige que les États-Unis cessent immédiatement de les rechercher seuls. Le retour des inspecteurs créera un précédent pour traiter avec Pyongyang. Washington pourra expliquer aux Français, aux Allemands, aux Russes et aux Chinois qu’ils n’acceptera un retour des inspecteurs en Irak que s’ils acceptent une résolution similaire à la résolution 1441 pour la Corée du Nord.
Une telle résolution a été présentée par Pyongyang comme un prélude à la guerre, mais même si cette rhétorique est sérieuse, cette résolution permettrait d’éviter que ces armes soient vendues à des terroristes et pourrait ensuite être étendue à l’Iran, la Libye, la Syrie et à tout autre État suspect. La Russie et la Chine voudraient une négociation bilatérale entre les États-Unis et la Corée du Nord, mais cela a moins de chances de fonctionner.
Nous avons peu à perdre à rendre un rôle prééminent à l’ONU dans ce domaine et cela peut nous permettre de reformer la coopération internationale dans la guerre au terrorisme.

« De la puissance de feu au maintien au pouvoir »

From Firepower To Staying Power
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Samuel R. Berger était le conseiller en sécurité intérieure du President Clinton. Il dirige Stonebridge International une entreprise de consulting économique.

[RESUME] Il y a eu trop peu de discussions sur l’avenir de l’Irak avant le début de la guerre alors que cette question sera aussi importante que la façon de mener la guerre.
Le premier point à régler est la nature du régime de l’après guerre. Dans son discours devant l’American Enterprise Institute, George W. Bush a développé un projet ambitieux : amener la démocratie non seulement en Irak, mais aussi dans tout le monde arabe. Toutefois, la stabilisation de l’Irak va déjà demander un travail énorme, sans même parler de qui sera au pouvoir en Irak et par qui il sera désigné. En outre, il y aura de fortes pressions émanant des pays arabes, des militaires ne souhaitant pas rester longtemps en Irak et de membres de l’administration Bush ne souhaitant pas s’investir trop dans la reconstruction irakienne pour que l’approche des États-Unis soit minimaliste. Quoi qu’il en soit, si nous voulons reconstruire l’Irak et en faire un pays démocratique, il faut expliquer le coût aux Américains maintenant.
Même si l’objectif de la transformation prévaut, il existe de nombreuses possibilité d’action pour encourager des changements de régime en Iran, en Syrie, en Arabie saoudite et en Égypte, du soutien agressif à l’opposition en passant par les actions secrètes. En fait, le soutien à un Irak démocratique pouvant avoir valeur d’exemple pour les populations arabes devraient suffire. Il ne faut pas partir en croisade. De même nous devons aider les Irakiens à définir leur avenir mais pas le leur dicter.

« Dans la balance »

In the balance
Al Ahram (Égypte)

[AUTEUR] Abdallah Al-Ashaal est conseiller du ministre des affaires étrangères égyptien.

[RESUME] L’Irak est le point de départ de la réalisation des desseins israélo-états-uniens dans le monde arabe : redessiner la région dans un sens plus propre à la réalisation des objectifs sionistes. Dans ce contexte, les États-Unis doivent agir comme Israël : se moquer des lois internationales et des résolutions du Conseil de sécurité et occuper et administrer les pays du Golfe pour contrôler ses ressources et ses habitants. Toutefois, un certain nombre d’éléments laissent penser que l’Irak ne pourra pas servir de modèle aux actions des États-Unis contre les autres pays arabes.
En effet, il faut noter que Washington a pu observer que l’argument démocratique ne suffisait pas à rallier la population arabe. En outre, la campagne militaire a suscité la mobilisation de différents groupes aux objectifs divergents et la conclusion de cette guerre dans un sens favorable à Washington n’est pas évidente. Il y a les Kurdes, les Turcs, les Islamistes du Kurdistan (abusivement présentés comme un groupe lié à Al Qaïda par Washington), les Chiites (divisés entre ceux qui soutiennent l’offensive américano-britannique et ceux qui s’y opposent) et les volontaires arabes. La présence de ces groupes aux intérêts contradictoires pourrait entraîner une prolongation du conflit et pourraient inciter les troupes états-uniennes et britanniques à quitter le pays.
Si les États-Unis parviennent à gagner cette guerre et à s’installer dans la région, cela provoquera une résistance dans le monde arabe et nous assisterons à un renouveau du nationalisme arabe mais aussi de l’islamisme qui les empêchera de mener à bien leurs projets. Par contre, il ne faut pas exclure que le conflit s’étende à la Syrie, au Liban et à l’Iran.
Le danger persistera tant que le monde arabe ne défend pas l’indépendance irakienne et que le nationalisme arabe ne l’emporte pas sur les considérations ethnique et religieuse.

« Il n’y a pas d’alternative aux États-Unis pour la sécurité du monde »

« Il n’y a pas d’alternative aux États-Unis pour la sécurité du monde »
Le Monde (France)

[AUTEUR] José-Maria Aznar est président du Conseil espagnol et signataire de la lettre « L’Europe et l’Amérique doivent rester unies ». Le texte ci-dessous résume une interview donnée au Monde

[RESUME] Je comprends le sentiment des citoyens espagnols qui manifestent pour la paix, mais les gouvernants ont d’autres responsabilités et ils doivent faire face à la menace terroriste. Rien n’est plus terrible que des terroristes pouvant s’équiper en armes de destruction massive, notre pays le sait bien.
La guerre en Irak est nécessaire pour désarmer ce pays, elle est légale en raison des différentes résolutions, et nous finirons par trouver des armes de destruction massive en Irak, et elle est morale. Elle a aussi une raison politique importante : dire aux dictateurs de la planète qu’ils ne peuvent pas aider les terroristes en toute impunité. En outre, je n’ai pas de leçons de légalité à recevoir des dirigeants qui ont soutenu l’intervention au Kosovo.
Je ne crois pas que les États-Unis veuillent installer un protectorat en Irak. L’ONU et l’Union Européenne auront un rôle essentiel à jouer. L’UE n’est pas détruite et l’Espagne aura un grand rôle à jouer dans les années à venir dans l’édification d’une union complémentaire -et non rivale- des États-Unis. Les États-Unis sont la plus grande puissance mondiale et il n’y a pas d’alternative à eux en matière de sécurité internationale.
La gauche, en Espagne , nous demande de tourner le dos à nos alliés américains et provoque des manifestations qui dégénèrent. Elle est irresponsable et utilise la guerre pour des buts électoraux.

« Cela change la carte du Moyen-Orient pour toujours »

This changes the map of the Middle East for ever
The Times (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Malcolm Rifkind est ancien ministre conservateur des Affaires étrangères britanniques (1995-1997)

[RESUME] Le conflit en Irak est plus que le renversement d’une tyrannie, il va transformer tout le Moyen-Orient.
L’Arabie saoudite est le pays clé, la chute de Saddam Hussein qui menaçait le pays va sans doute entraîner le départ des troupes états-uniennes du sol saoudien, présence peu populaire dans la population. Les dirigeants saoudiens vont sans doute essayer de faire évoluer les relations avec Washington d’un protection militaire à une simple relation politique.
Cette guerre va aussi entraîner des réformes politiques dans tous les pays du monde arabe. L’Irak deviendra un modèle démocratique. L’Iran risque de devenir nerveux dans les prochaines années en raison de son encerclement par les forces du « grand Satan » et Téhéran pourrait vouloir développer son programme nucléaire. Washington devra donc se rapprocher des Russes pour qu’ils arrêtent d’approvisionner l’Iran en matériaux nucléaires civils.
Il faut également profiter de la chute de Saddam pour régler le problème israélo-palestinien. Les États-Unis doivent soutenir une initiative demandant la création d’un État palestinien. Le retrait d’Israël, du Golan et le démantèlement de beaucoup de colonies. Ariel Sharon s’y opposera sans doute, mais Israël est une démocratie et s’il y a une vraie chance de paix, un nouveau gouvernement sera élu. En échange Israël aura des frontières sûres et des relations normalisées avec ses voisins.
Afin de favoriser ce changement, le Royaume-Uni pourrait proposer à Israël, la Palestine et la Jordanie de joindre le Commonwealth, une structure ou ils pourront discuter ensemble de leur avenir commun. Les Américains aussi pourraient rejoindre le Commonwealth.