« Un nouveau concept de sécurité humaine »

A new concept of human security
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Sadako Ogata est l’ancienne Haute Commissaire des Nations Unies aux réfugiés. Elle copréside la Commission sur la sécurité humaine.

[RESUME] De nouvelles politiques et une nouvelle approche des questions de sécurité sont nécessaires. En effet, la notion de sécurité englobe de nombreuses réalités pour les différents peuples (terrorisme, armes de destruction massive, guerre, maladies, chômage, baisse de la croissance économique) et nous sommes à une époque où la globalisation offre de nouvelles opportunités en terme de prospérité et développe le soutien aux valeurs démocratiques partout dans le monde.
C’est dans ce contexte complexe que la commission indépendante sur la sécurité humaine a rédigé un rapport présentant un nouveau concept de sécurité qui se concentre sur les populations plutôt que sur les États, même si ces derniers sont essentiels. La sécurité humaine insiste sur le lien entre le respect des Droits de l’homme et l’insécurité internationale. Cela passe aussi par une protection contre les effets des crises économiques.
La seule force militaire ne peut résoudre seule les problèmes de sécurité. Il faut donc développer des politiques économiques et sociales en ce sens.

« Dieu et la Constitution européenne »

Dieu et la Constitution européenne
Le Monde (France)

[AUTEUR] Mgr. Hippolyte Simon est archevêque de Clermont- Ferrand et vice-président de la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (Comece).

[RESUME] Je comprends que tout le monde soit sensible au débat concernant Dieu et la Constitution européenne, suite à la tentative d’instrumentalisation de Dieu par les différents protagonistes de la guerre en Irak. Nous ne demandons cependant pas que l’Europe devienne une institution confessionnelle et nous sommes attachés à la liberté religieuse, garantie par l’article 10 de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne (UE).
La Comece a soulevé quatre points qui lui semble importants :
 Le droit d’association religieuse doit être reconnu à chaque citoyen de l’UE.
 Il faut respecter le principe de subsidiarité dans les relations légales entre Église et État, mais il faut construire un dialogue structuré entre l’UE et les Églises.
 Nous souhaitons que l’UE reconnaisse qu’elle ne part pas de rien et qu’elle a hérité d’un passé commun dont la dimension chrétienne n’est pas absente.
 Nous souhaitons que le futur traité constitutionnel fasse référence à la transcendance d’une manière ou d’une autre. En souvenir de la situation des pays d’Europe centrale, dont les dissidents aux pseudo-États totalitaires ont été mieux soutenus par les Églises que par les États, nous ne demandons pas que l’UE reconnaisse Dieu, mais le droit de l’invoquer librement.
C’est une façon de proclamer la liberté de conscience et de religion qui permette de reconnaître les limites de tout système politique. C’est à la Convention européenne de trancher, mais nous souhaitons participer au débat. Nous respectons la laïcité, qui consiste en ce qu’aucune religion n’est obligatoire, mais nous considérons que l’ignorance religieuse ne doit pas non plus être obligatoire.

« Nous pouvons tous nous entendre »

We Can All Just Get Along
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEURS] Richard J. Riordan est ancien maire de Los Angeles (1993-2001). Il est président d’honneur de Community Advocates. David A. Lehrer est le président de cette association et est membre du Brandeis-Bardin Institute.

[RESUME] Avant la guerre nous avons entendu beaucoup d’avertissements concernant les risques de crimes racistes contre les Arabes et les Musulmans américains ou contre ceux qui ont l’air de faire partie de cette communauté, en raison du déclenchement de la guerre. Maintenant que la guerre est terminée et que nos troupes reviennent au pays, on entend encore ces avertissements. Pourtant malgré les affirmations de Judy Chu, la président du Select Committee on Hate Crimes, et de James Hahn, le maire de Los Angeles, ces crimes n’ont pas eu lieu massivement et on n’a pu noter que 36 cas de discrimination ou de crimes racistes après avoir interrogé plus de 10 000 Irakiens dans tous le pays. Tout comme ce fut le cas après le 11 septembre, les Américains ne sont pas devenus intolérants à cause de la guerre. Ce ne sont pas les bigots qui sont élus et les appels à la solidarité ethnique ou raciale ne sont généralement pas suivis.
Vu le 11 septembre et de la guerre, nous nous sommes bien comportés compte tenu de notre taille et de notre diversité.

« Confondre les conséquences et les buts »

Confusing the byproduct with the goal
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] [Daniel Pipes] est membre de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Quand Bill Clinton a déployé les troupes américaines en Bosnie et Haïti on lui a reproché de transformer la politique étrangère des États-Unis en « travail social ». Pourtant, quand [George W. Bush] présente des dossiers convainquants pour agir en Afghanistan et en Irak pour défendre la sécurité des États-Unis, on affirme que les États-Unis échouent car les problèmes demeurent dans ces pays. Ceux qui attaquent la politique américaine sur ce point ne considèrent les hostilités que sous l’angle de l’autre camp, oubliant les bénéfices que nous avons retiré en terme de sécurité de ces interventions. Ainsi, en Afghanistan, nous avons obtenu l’élimination du quartier général d’Al Qaïda et le reversement des Talibans.
Dans la logique de ces critiques, la question de la reconstruction de l’Irak semble prendre le pas sur la chute de Saddam Hussein et de ses armes de destruction massive. La libération de l’Irak a bénéficié à la population locale, mais il ne s’agit là que d’une retombée positive d’une guerre qui avait avant tout pour but de défendre les États-Unis.

« Paix au Proche-Orient, un jour à la fois »

Mideast Peace, One Day at a Time
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Dennis Ross a été directeur de la planification politique au département d’État sous la présidence de Bush père. Il a été coordinateur pour le Proche-Orient sous l’administration Clinton. Il est directeur du Washington Institute for Near East Policy.

[RESUME] Les signes encourageants pour le processus de paix israélo-palestinien qu’ont représenté la nomination de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre palestinien, les déclarations d’Ariel Sharon sur les « concessions douloureuses » et la publication de la « feuille de route » ont déjà été assombris par l’attentat suicide à Tel-Aviv et la riposte israélienne. En outre, les déclarations de dirigeants palestiniens contre les réformes de M. Abbas et de conseillers de M. Sharon contre un début des négociations avant que le Premier ministre israélien ait rencontré George W. Bush peuvent laisser craindre que nous ne rations à nouveau une opportunité.
En réalité, nous devons être réalistes et reconnaître que le seul objectif que l’on peut atteindre, car souhaité par les deux partis, est la fin de l’Intifada. Les deux Premiers ministres veulent parvenir à un arrêt des violences, mais ne sont pas en position, ni l’un ni l’autre, d’entamer des négociations plus profondes. La force de la feuille de route est d’avoir compris cela et d’avoir séparé les négociations en différentes phases. Sa faiblesse, c’est d’avoir multiplié les étapes préalables sans avoir conçu d’organisme de vérification indépendant permettant d ’assurer que les deux partis en présence tiennent leurs engagements. Sans organe de vérification, ni échéancier précis, la « feuille de route » échouera. Pour éviter cela, il faut une forte implication des États-Unis.

« Les États-Unis et l’Iran de nouveau ensemble ? »

The U.S. and Iran together again ?
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security. Il est également membre du Rand’s Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président d’American Premier, une entreprise minière et chimique américaine.

[RESUME] La compétition entre Téhéran et Washington pour influencer les 60 % de chiites irakiens et déterminer ainsi le futur de l’Irak et de la région n’est que le dernier round d’une inimitié de 25 ans. En outre, les deux pays renforcent la crainte qu’ils ont l’un de l’autre, l’Iran en relançant son programme nucléaire et les États-Unis en signant un cessez-le-feu avec les Moudjahidines du peuple, un groupe terroriste opposé à Téhéran.
L’Iran est toujours obsédé par le coup d’État organisé en 1953 et les États-Unis par les 81 otages de 1979. Pour l’Iran, les États-Unis sont les patrons de tous leurs ennemis et de tous les régimes qui oppriment les chiites, tandis que les États-Unis assimilent le chiisme et le terrorisme.
Pourtant, dans le même temps, les États-Unis et l’Iran travaillent ensemble pour reconstruire l’Afghanistan et ils souhaitent tout deux un Irak sans armes de destruction massive et une région débarrassée d’Al Qaïda. Les États-Unis doivent faire le premier pas en direction de Téhéran pour diminuer l’influence des durs du régime et soutenir les pragmatiques.

« Une vision du voisin du nouvel Irak »

A Neighbor’s Vision of the New Iraq
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Javad Zarif est ambassadeur de l’Iran à l’ONU.

[RESUME] Quand Saddam Hussein attaqua les tankers iraniens dans le Golfe persique au début des années 80, Téhéran proposa l’établissement d’un système de coopération et de sécurité pour toute la région et renouvela cette demande lors de l’invasion du Koweit. Ce système, s’il avait été adopté, aurait pu éviter deux décennies de dévastation et de tragédie dans la région.
Saddam Hussein parti, nous ignorons encore si la région dans son ensemble va en bénéficier ou si nous allons connaître le chaos en Irak et l’instabilité dans la région. Il faut développer la stabilité et la modération plutôt qu’une politique de domination des puissances, qui a provoqué le désordre, pour conduire la région à la sécurité globale et à la prospérité. L’Iran souhaite que se crée un système de sécurité international indigène sous les auspices de l’ONU. Nous souhaitons mettre fin à la course aux armements dans la région et nous voulons la remplacer par la confiance entre États. La course aux armements est coûteuse et contre productive, vu nos besoins de reconstruction. Nous souhaitons également un renforcement des traités de désarmements internationaux. Nos programmes nucléaire, biologique et chimique sont à finalité civiles et se font dans la transparence. C’est notre droit de posséder ce type de technologies et nous ne pouvons pas nous concentrer sur les ressources pétrolières et gazières pour assurer nos échanges internationaux et nos besoins énergétiques car ce sont des ressources non-renouvelables.
Le développement de l’extrémisme dans la région est une menace bien plus importante pour l’Iran que pour l’Occident et nous n’avons pas attendu le 11 septembre pour combattre les Talibans et Al Qaïda. La politique des États-Unis dans ce domaine apporte peut-être des victoires à court terme, mais elle développe l’extrémisme à long terme. La démocratie ne peut pas être importée et elle doit émerger localement. Il faut que l’Irak devienne un système représentatif, pacifique et démocratique. L’Iran souhaite aider ce pays à atteindre cet objectif avec l’ONU.

« Donner une voix aux Cachemiris »

Give Kashmiris a voice
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Mansoor Ijaz est codirecteur, avec James Abrahamson, de la société internationale de gestion de portefeuille Crescent Partnerships à New York. Il est états-unien d’origine pakistanaise et expert de Benador Associates. En 1997, il a négocié l’offre de lutte anti-terroriste de l’administration Clinton vis-à-vis du Soudan, puis, en 2000, le cessez-le-feu entre les groupes musulmans et le gouvernement indien au Cachemire. Il est membre du Council on Foreign Relations et analyste sur les questions de relations internationales et de terrorisme pour Fox News Network.

[RESUME] L’Inde et le Pakistan ont récemment agi de façon encourageante en vue d’une solution négociée au Cachemire. Les deux pays doivent continuer dans cette voix en donnant plus de pouvoirs à la population du Cachemire et, surtout, en s’assurant des renseignements plus sûrs pour prendre leurs décisions politiques. En effet, pendant des décennies les services de renseignements pakistanais et indiens ont fourni à leur gouvernement des informations orientées afin de perpétuer le conflit et appuyer le développement des armes nucléaires dans les deux pays.
Pervez Musharraf et Atal Bihari Vajpayee l’ont compris et ont nommé des hommes chargés de faire le ménage dans leurs services de renseignements respectifs et de leur fournir des informations objectives. Vajpayee semble être dans le même état d’esprit qu’en 2000 lors du cessez-le-feu et Musharraf doit l’imiter et cesser d’envoyer des mercenaires islamistes en Inde. Le Pakistan doit renoncer à sa culture jihadiste.

« Fin de la Belgique ? »

Fin de la Belgique ?
Le Monde (France)

[AUTEUR] Paul-Henry Gendebien, ancien député européen, est président du Rassemblement Wallonie-France.

[RESUME] Les élections législatives du 18 mai en Belgique ont relancé le débat sur une « dislocation de velours » et un rattachement de la Wallonie à la France. L’État belge n’est qu’une création diplomatique des puissances européennes en 1830 et ses populations n’ont jamais fondé une nation. Les réformes successives du système fédéral se concluront par un échec historique, au même titre que les fédéralismes tchécoslovaque et yougoslave. L’extrême droite flamande, le Vlaams Blok, pourrait atteindre 20 % le soir du 18 mai en Flandres et il continue de contaminer le discours des autres partis. La Flandre vient ainsi d’obtenir la révision de 60 articles de la Constitution fédérale.
La Flandre se voit comme une nation et elle a l’ambition de devenir un État. La Wallonie ne souhaite pas rester « belge toute seule » ou être un État confetti et se propose de se réunir avec la France. Le Rassemblement Wallonie-France veut éviter la balkanisation des anciens territoires belges, la prolifération d’États faibles, nuisible à la construction européenne. Cette réunion permettrait également d’accroître le poids de la France et de garantir sa présence à Bruxelles. Lentement mais sûrement se rapproche le moment où les Wallons en appelleront au gouvernement de la France au nom de la liberté, de la solidarité et de la fraternité.