« Devinez qui a dessiné la feuille de route ? »

Guess who drew the road map ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Anne Bayefsky est avocate internationale et professeur à la York University de Toronto. Elle a représenté l’International Association of Jewish Lawyers and Jurists au forum des ONG de Durban et l’organisation UN Watch à la Conférence mondiale contre le Racisme.

[RESUME] Pour la population des États-Unis, la « feuille de route » est un plan états-unien alors que Washington n’est qu’un des membres du Quartet et que le texte a principalement été écrit par des représentants de l’Union européenne et de l’ONU, même si les États-Unis y ont apporté des amendements. Ce texte altère le processus de paix et porte un coup à la guerre au terrorisme en mettant en place une conférence internationale sans négociations préalables.
Le texte parle de la création d’un État palestinien qui pourrait être reconnu par l’ONU, mais il n’exige pas un accord israélien préalable. On peut donc imaginer que l’Autorité palestinienne déclare unilatéralement son indépendance. L’accord d’Israël n’est pas non plus requis pour mettre en place des mécanismes de surveillances internationaux. C’est l’ONU et l’Union européenne qui détermineront si les Palestiniens combattent le terrorisme efficacement ou non. Or, la Commission des droits de l’homme de l’ONU considère les attentats suicides comme un moyen de résister à un occupation étrangère et pas comme du terrorisme. En niant le caractère de victimes des Israéliens, cette commission leur nie également le droit à l’autodéfense.
Il n’est pas étonnant que les pays arabes, qui ont vu la chute d’un État terroriste avec le renversement de Saddam Hussein, soient favorables à un plan qui permettra la création d’un nouvel État terroriste. En revanche, il est surprenant que le président George W. Bush soutienne ce plan.

« Le comédien George W. Bush »

El comediante George W. Bush
El Periodico (Espagne)

[AUTEUR] Conseiller de Jean-Pierre Chevènement, Sami Naïr est député européen du Pôle républicain.

[RESUME] Après le George W. Bush guerrier et envahisseur de l’Irak, nous avons le Bush comédien et propagandiste de la paix au Proche-Orient à Sharm El-Sheikh, où il défend la « feuille de route » en compagnie de ses alliés. Ce texte est censé résoudre le conflit israélo-palestinien en mettant fin à la violence (largement imputée aux Palestiniens dans le texte) et en gelant les colonies israéliennes. Il ignore en revanche les actions d’Israël contre les Palestiniens au nom de la lutte anti-terroriste, tout comme il évite de définir les contours d’un État palestinien stable et d’aborder le sort des réfugiés et celui de Jérusalem.
En réalité, ce texte a pour but de détourner l’attention de l’opinion de l’implantation du nouvel ordre au Proche-Orient. Il permet aussi, en comptant sur Ariel Sharon pour poser des conditions créant de nouveaux problèmes, de gagner du temps et de d’avoir une image favorable auprès de la communauté juive états-unienne en 2004 alors que celle-ci vote majoritairement démocrate. Cette manœuvre va donc durer deux ans et elle se terminera par la colonisation des territoires, le véritable objectif des partisans de la victoire totale des États-Unis et d’Israël sur les pays arabes.
La seule façon d’apporter la paix est d’envoyer des casques bleus de l’ONU entre Palestiniens et Israéliens, de mettre fin à la colonisation, de démilitariser la frontière et d’organiser une conférence internationale qui devra appliquer les résolutions de l’ONU adoptées depuis 1967. Malheureusement, les États-Unis ne veulent pas la paix au Proche-Orient, ils veulent le dominer.

« Un Moment perdu »

Los Angeles Times (États-Unis)
Sous le titre « A Moment Lost », le Los Angeles Times publie deux tribunes de deux auteurs défendant un point de vue différent sur la « feuille de route » après la tentative d’assassinat israélienne contre Abdelaziz Rantisi.

A Moment Lost

[AUTEUR] Hanan Ashrawi est une législatrice de l’Autorité palestinienne et une porte-parole palestinienne.

[RESUME] La tentative d’assassinat contre le dirigeant politique du Hamas, Abdelaziz Rantisi, avait plusieurs objectifs. Elle permettait à Ariel Sharon de montrer aux durs du Likoud qu’il pouvait être aussi brutal qu’avant et que la « feuille de route » ne changerait rien dans la politique israélienne de violence et d’assassinats.
Cela permettait également de s’en prendre au fragile dialogue entre factions palestiniennes, incluant le Hamas et le Jihad islamique, visant à obtenir un cessez-le-feu. Enfin, les missiles israéliens visaient la crédibilité de Mahmoud Abbas en espérant que les Palestiniens se détournent de lui et entrent dans la logique violente d’Ariel Sharon.
La politique de Sharon est un affront à tous ceux qui se sont réunis au sommet d’Aqaba, dont le président George W. Bush qui vient ainsi d’être poignardé dans la dos par le Premier ministre israélien. Sharon veut poursuivre son dialogue meurtrier avec le Hamas et le Jihad islamique au mépris des vies des Palestiniens et des israéliens ordinaires.

A Moment Lost

[AUTEUR] Max Abrahms est chercheur au Washington Institute for Near East Policy

[RESUME] Le président George W. Bush n’a pas répondu à l’attentat suicide palestinien et à la riposte israélienne en réaffirmant le droit d’Israël à l’autodéfense comme il le fait d’habitude, car Israël est accusé d’avoir dépasser les limites en tentant d’assassiner Abdelaziz Rantisi
Cette attaque manquée a été dénoncée par l’Autorité palestinienne et les dirigeant arabes mais aussi, ce qui est plus surprenant, par la Maison-Blanche qui estime qu’en agissant ainsi, Israël risque de faire échouer le processus de paix. Cette interprétation est douteuse car elle présuppose que Rantisi n’est pas une menace imminente pour la paix alors qu’il fait partie de ceux qui donnent les ordres aux terroristes et qui veulent détruire Israël. Rantisi est l’équivalent rhétorique de Ben Laden et le Hamas est un modèle pour Al Qaïda même s’il ne dispose pas de sa capacité de projection internationale.
Le Hamas a présenté Mahmoud Abbas comme un pion des États-Unis et d’Israël après que celui ci ait demandé la fin de l’Intifada. Bush doit aider Abbas en combattant ceux qui menacent Israël.

« Pourquoi nous devons riposter avec fermeté contre les terroristes »

Why we must hit back hard against terrorists
The Age (Australie)

[AUTEUR] Vétéran du Vietnam et ancien officier de liaison entre les armées australienne, états-unienne et britannique, le Général Peter Cosgrove est chef de l’Australian Defence Force. Cet article est une adaptation du discours prononcé le 10 juin au Sydney Institute, un think tank australien présidé par Gerard Henderson, éditorialiste du journal The Age et ancien chef de cabinet de John Howard, le Premier ministre australien.

[RESUME] Je suis surpris par les déclarations médiatiques qui affirment que notre participation à la guerre au terrorisme, suite aux attentats du 11 septembre et à l’attentat de Bali, et notre participation aux conflits en Afghanistan et en Irak nous rendent plus vulnérables face à la menace terroriste.
Je pense au contraire qu’en agissant comme nous l’avons fait, l’Australie reste fidèle à ses principes. Elle a rendu une attaque à venir contre nous ou nos concitoyens plus risquée pour les terroristes. La défense du pays ne sera pas renforcée en nous faisant oublier, mais au contraire en construisant un environnement dissuasif et en combattant le terrorisme international avec nos alliés. Nous partageons ainsi les informations sur les groupes terroristes avec ceux qui défendent les mêmes valeurs que nous.
La lutte contre le terrorisme est menée au nom de la liberté. C’est pourquoi nous estimons que cette liberté ne doit pas pâtir au nom de la sécurité car ce serait une autre forme de victoire pour les terroristes. Il y aura certes des mesures de sécurité plus contraignantes, mais elles permettront à nos enfants de ne pas avoir à vivre dans un monde subissant le terrorisme.

« Qu’en est-il des tombeaux de masse africains »

What about Africa’s mass graves ?
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Dennis Jett est doyen de l’International Center de l’University of Florida. Il est ancien directeur sur les questions africaines du National Security Council sous l’administration Clinton et conseiller du Carter Center sur les questions africaines. Il a été ambassadeur au Pérou et au Mozambique et vice-ambassadeur au Liberia (1989-1991).

[RESUME] Les nouveaux carnages au Liberia sont la dernière bataille en date d’une guerre civile qui a commencé quand Charles Taylor mena une attaque depuis la Guinée pour renverser le président Samuel Doe. Le président fut assassiné quelques mois plus tard. Cette année-là, Monrovia fut menacée et elle le fut à nouveau en 1996, ce qui nécessita dans les deux cas que les troupes états-uniennes interviennent pour évacuer les ressortissants étrangers. En 1997, Taylor fut élu président, uniquement parce que les Libériens savaient qu’il continuerait la guerre s’il ne gagnait pas. Toutefois, la guerre ne s’arrêta pas là et deux groupes rebelles s’opposent à Taylor, qui a réussi à être un président pire que Doe. Les combat ont repris à Monrovia et les étrangers sont évacués, mais cette fois par les troupes françaises et non plus américaines.
Cette situation devrait rappeler aux États-Unis qu’ils ne peuvent pas être partout et qu’ils ont besoin d’alliés tel que la France. Cela prouve aussi que la morale vantée par l’administration Bush comme étant le pilier de sa politique étrangère n’est pas défendue en Afrique car Washington n’a jamais rien fait contre Taylor alors qu’il a détruit son pays et étendu la guerre en Guinée, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire. De même, Washington n’a rien fait pour éviter les massacres au Congo. Si les États-Unis réagissent à la situation au Soudan, c’est uniquement à cause de la pression des groupes chrétiens. La morale semble donc être un prétexte qu’on peut oublier quand il n’est plus utile.

« Créer des mesures incitatives à Doha »

Creating momentum for Doha
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Thomas S. Foley a été président démocrate de la chambre des Représentants (1989-1995) et ambassadeur au Japon (1997-2001). Il est aujourd’hui partenaire du cabinet juridique Akin, Gump, Strauss, Hauer & Feld et président pour l’Amérique du Nord de la Commission Trilatérale.

[RESUME] Les négociations commerciales multilatérales de Doha sont en crise vu l’impossibilité de résoudre le volet agricole avant l’échéance de fin mars. On ignore si cette question pourra être résolue avant la réunion de Cancun en septembre. Il est important de relancer les négociations car les réformes peuvent entraîner un retour de la croissance économique, créer de nouveaux emplois aux États-Unis et réduire la pauvreté de millions de personnes dans le monde.
Nous devons nous pencher sur la question des médicaments essentiels. En novembre 2001, la communauté internationale s’est mise d’accord sur la création d’une dérogation pour les pays pauvres afin qu’ils puissent avoir accès aux médicaments normalement trop chers pour eux en raison des droits de propriété intellectuelle. Cependant il existe toujours une opposition sur le nombre de médicaments concernés. Les États-Unis proposent que seuls les médicaments qui touchent un nombre limité de maladie entrent dans le cadre de la dérogation alors que les pays pauvres souhaitent pouvoir importer des médicaments génériques concernant toutes les maladies.
Ceux qui affirment que le blocage des négociations sont la raison pour laquelle des millions de personnes continuent de manquer de soins ignorent que la plupart des médicaments sont déjà disponibles à bas prix et que le problème vient de la pauvreté imputable à de mauvaises politiques économiques et à des gouvernements corrompus. L’OMC ne peut pas avoir d’impact sur la santé, mais elle peut en avoir sur l’économie. En libéralisant le commerce, elle peut résoudre les problèmes de pauvreté. Les pays développés doivent donc lever leurs taxes douanières sur les produits en provenance des pays en voie de développement.