« Les États-Unis transforment le Moyen-Orient »

EE.UU. transforma Oriente Medio
Clarin (Argentine).
Cette tribune est une reprise en espagnol d’un texte initialement publié par le Washington Post, le 7 août. Il n’est plus disponible sur le site du journal états-unien, mais on trouvera sa traduction officielle en français sur site du Réseau Voltaire.

[AUTEUR] Ancienne experte de la Hoover Institution et administratrice de la Rand Corporation et de Chevron Texaco, [Condoleezza Rice] est directrice du National Security Council.

[RESUME] Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont engagés avec les Européens à transformer durablement leur continent et à y défendre leur conception de la démocratie et de la prospérité. Nous y sommes parvenus et aujourd’hui nous voulons transformer le Moyen-Orient car cette région est minée par le manque de liberté économique et politique. Cela empêche le développement, favorise l’instabilité et fait peser une menace permanente sur les États-Unis.
Les États-Unis et les membres de la coalition sont allés en Irak parce que le régime de Saddam Hussein faisait peser une menace sur la sécurité du monde avec ses armes de destruction massive. Il entretenait des liens avec des groupes terroristes. Il avait envahi deux fois ses voisins. Il défiait la communauté internationale et 17 résolutions du Conseil de sécurité. Maintenant que cette menace a disparu, il est possible de lancer un programme positif pour la région et déjà on observe entre les Israéliens et les Palestiniens des signes encourageants pour progresser vers la paix. En outre, les dirigeants arabes, poussés par les intellectuels dans leurs pays, parlent de plus en plus de libéralisation politique et économique.
Les États-Unis appuient ces avancées et nous estimons que des progrès encore plus significatifs se feront sentir quand le régime de Saddam Hussein sera remplacé par un gouvernement démocratique. La transformation du Moyen-Orient ne sera pas facile, prendra du temps et nécessitera l’engagement des États-Unis, de l’Europe et de tous les pays libres. Cela passera par la constitution d’une zone de libre-échange entre les États-Unis et le Moyen-Orient que nous espérons constituer d’ici dix ans.

« Jolie guerre, maintenant voilà l’addition »

Nice War. Here’s the Bill
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Donald Hepburn est ancien directeur exécutif de la Bahrain Petroleum Company. Il est désormais conseiller du Middle East Policy Council.

[RESUME] Si en 1991, l’addition de la Guerre du Golfe avait été réglée par les alliés pour les États-Unis, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Washington va devoir payer le prix de l’invasion et de l’occupation. La récente volonté de l’administration Bush de voir l’ONU jouer un rôle plus important est le signe que les États-Unis ont compris que l’Irak était incapable de rembourser significativement les frais militaires.
Les contribuables américains ont déjà payé 45 milliards de dollars pour l’invasion selon le Pentagone et une occupation de 5 ans coûtera 300 milliards supplémentaires. En outre l’Irak a une dette de 350 milliards comprenant 90 milliards de dette extérieure conventionnelle, 60 milliards de contrats non-honorés et 200 milliards de réparations de guerre pour l’invasion du Koweït en 1990. Ces dettes seront sans doute réduites par le Club de Paris et par la commission de l’ONU sur le Koweït, mais la somme restera importante et devra être payée. Il faudra aussi dépenser trois milliards pour reloger un million d’exilés irakiens et 1,5 million d’Irakiens déplacés à l’intérieur du pays. La reconstruction coûtera 200 milliards sur 10 ans.
Toutes ces sommes ne peuvent être financées par le seul pétrole irakien. Ceux qui accusaient George W. Bush de faire une guerre pour le pétrole n’ont pas du faire ce calcul. Selon les hypothèses optimistes, le pétrole rapportera 40 milliards de dollars par an en 2010. D’ici là, l’Irak aura besoin de l’aide des États-Unis.

« Le spectre nucléaire suspendu au-dessus de la tête des États-Unis »

Nuclear spectre hangs over the U.S. head
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Mushahid Hussain est ancien ministre de l’information au Pakistan et membre du Sénat.

[RESUME] Après avoir proclamé la guerre à l’« Axe du mal » et combattu l’Irak, les États-Unis se tournent à présent vers les programmes nucléaires iraniens et nord-coréens. Ce nouveau centre d’intérêt a eu pour conséquence de voir Washington accuser le Pakistan d’aider au développement des programmes nucléaires de ces deux pays.
Le chapitre nord-coréen de ces accusations semble être clos, mais pas les accusations de liens avec l’Iran, affirmation inexplicable. En effet, depuis 1994, époque durant laquelle Islamabad soutenait les Talibans et Téhéran l’Alliance du Nord en Afghanistan, les relations entre les deux pays étaient tendues. En outre, aucun rapport émanant de la myriade d’agence de renseignement des États-Unis n’avait jamais présenté le Pakistan comme une source d’approvisionnement potentiel pour l’Iran. La publication de cette imputation dans le Washington Post est sûrement un moyen de mettre la pression sur Musharaf pour qu’il envoie des troupes en Irak. En effet, l’état-major états-unien réclame l’arrivée de troupes musulmanes venant de Turquie et du Pakistan pour prendre part à l’occupation.
Ces accusations ont finalement eu pour effet la reconnaissance par le Pakistan du droit de l’Iran au développement d’un programme nucléaire civil lors de la venue du ministre des Affaires étrangères iranien la semaine dernière à Islamabad en échange de la constitution d’une coopération trilatérale entre l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan. Dans le dossier nord-coréen, les États-Unis ont rejeté la proposition raisonnable de Pyongyang lors des pourparlers de Pékin et ont refusé le pacte de non-agression en échange de l’abandon du programme nucléaire.
Par leur attitude, les États-Unis rendent la question complexe. En effet, les pays présentés comme membre de l’« Axe du mal » considèrent désormais qu’il faut absolument qu’ils acquièrent l’arme atomique pour se défendre. D’autant plus que les États-Unis étudient la création de mini bombes nucléaires utilisables en cas de guerre et que la question des armes de destruction massive est apparue comme un prétexte pour attaquer l’Irak.

« La nouvelle vitalité de l’Air Force »

Air Force’s new lease on life
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] [Frank J. Gaffney Jr.] est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Le président de la Commission du commerce du Sénat, John McCain, qui va étudier la location par l’armée de 100 Boeing transporteurs, se présentera comme un défenseur de l’intérêt public contre la gabegie du Pentagone alors qu’il va provoquer une perte de temps et d’énergie qui va à l’encontre de l’intérêt public. Le sénateur fait valoir qu’il serait moins cher sur le long terme d’acheter ces avions plutôt que de les louer (pour éventuellement les acheter plus tard). Pourtant, ce mode de paiement est utilisé justement parce que nous avons besoin maintenant de ces avions sous peine de ne plus pouvoir disposer des capacités de projection nécessaires pour nos troupes en raison du grand âge de notre flotte aérienne de transport.
Il nous faut des avions de transports, mais le renouvellement de nos avions actuels serait extrêmement coûteux et le Congrès ne semble pas disposé à accorder les milliards nécessaires pour acheter plutôt que louer ces avions. Fort heureusement, il semble que la plupart des congressistes ont compris que ces avions étaient indispensables. Si le Parlement veut effectivement permettre à George W. Bush et Donald Rumsfeld de donner à l’Amérique les moyens de gagner les guerres du XXIème siècle, il doit autoriser cette location et la permettre vite.

« Qui soutient Israël ? »

Who supports Israël ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] [Daniel Pipes] est administrateur de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Richard Ingrams, un éditorialiste du quotidien britannique d’extrême gauche The Guardian a déclaré que quand il recevait des lettres de soutien au gouvernement israélien dont l’auteur avait un nom juif, il ne les lisait pas. Ces propos ont choqué le Royaume-Uni par leur antisémitisme. Ils sont fondés sur la croyance que les juifs soutiennent tous Ariel Sharon alors que, dans de nombreuses universités, ce sont des juifs, comme Noam Chomsky par exemple, qui s’attaquent à Israël et qu’Edgar Bronfman, le président du Congrès juif mondial, a publiquement rompu avec le gouvernement israélien.
Les intellectuels juifs sont souvent opposés au gouvernement Sharon qui, en revanche, bénéficie du soutien des conservateurs. Ce phénomène n’est pas observable qu’aux États-Unis, mais également au Royaume-Uni, où Iain Duncan Smith demande à Tony Blair de cesser de soutenir Yasser Arafat, ou encore en France, en Australie et en Italie.
Les liens entre les conservateurs et Israël n’étaient pas aussi bons il y a vingt ans, mais à la fin de la Guerre froide, ils ont réexaminé les problèmes du Moyen-Orient en cessant de les voir dans une perspective globale dans laquelle l’ennemi était l’URSS.

« Les attentats de Bombay montrent les divisions croissantes de la société indienne »

Bombay attacks show up India’s growing divide
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Malini Parthasarathy est rédacteur en chef du quotidien indien The Hindu.

[RESUME] Les deux voitures piégées qui ont fait 52 morts et 150 blessés à Bombay font craindre le retour du cycle de la violence entre musulmans et hindous en Inde. L’un des quatre suspects arrêtés a affirmé avoir agit pour venger les rixes de Gujarat qui ont fait 2000 morts, musulmans pour la plupart.
Pour l’instant, l’action du gouvernement local a permis d’empêcher des représailles contre les musulmans, mais cet attentat montre que, malgré son triomphalisme en la matière, le BJP, le parti au pouvoir, n’a pas réussi à calmer le ressentiment des musulmans qui se considèrent comme victimes de la majorité hindoue. La polarisation croissante de la société indienne est un phénomène inquiétant qui marque la mort du consensus nehruvuien dont le symbole est l’émergence du BJP. La conception d’une Inde fondée sur la citoyenneté plutôt que sur la religion est sapée par la politique du BJP qui entretient les tensions avec le Pakistan.
Toutes ces tensions profitent aux extrémistes musulmans cyniques et aux nationalistes hindous qui les exploitent.