La prolifération nucléaire est un phénomène qui prend de l’ampleur car l’équipement, le matériel et l’expertise sont de plus en plus disponibles et que la demande existe du fait du sentiment d’insécurité de certains pays qui sont prêts à enfreindre les règles pour les acquérir. Si nous ne faisons rien, cette tendance s’accentuera et l’offre s’accroîtra. Un jour les terroristes disposeront de ces armes et si le monde ne change pas nous courrons vers l’autodestruction.
Il est facile de réformer le Traité de non-prolifération et nous pouvons le renforcer sans menacer la souveraineté nationale. Il faut commencer par renforcer les contrôle sur les exportations de matières nucléaires, une priorité mise en avant, hier, par George W. Bush. Il faut mettre en place un système international autorisant le développement du nucléaire civil, mais criminalisant l’aide à la prolifération militaire. Les pouvoirs des inspecteurs doivent être renforcés et il faut interdire à tout pays signataire de quitter le traité sans que le Conseil de sécurité de l’ONU n’étudie cette sortie comme une menace. Il faut également que la constitution de carburant nucléaire soit placée sous contrôle afin qu’il ne puisse être détourné de son utilisation civile.
Bien évidemment, une part fondamentale de la lutte contre la prolifération doit être l’engagement des cinq pays nucléaires à se désarmer, un désarmement qui doit être vérifiable et définitif. La lutte contre la prolifération doit aussi passer par la mise en place d’un système de sécurité des nations qui en diminuant le sentiment d’insécurité de certains pays diminuera le risque que ces pays ne cherchent à acquérir des armes nucléaires.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Saving Ourselves From Self-Destruction », par Mohamed ElBaradei, New York Times, 12 février 2004.