Dans quatre mois, le monde aura une rare occasion d’améliorer significativement la sécurité internationale. Toute la question est de savoir si nous serons assez malins pour utiliser cette chance, représentée par la conférence de New York sur le Traité de non-prolifération.
Ces dernières années, la sécurité mondiale a été affectée par trois phénomènes : l’émergence d’un marché noir nucléaire, les efforts déterminés de certains pays pour acquérir la technologie permettant de produire du combustible nucléaire utilisable à des fins militaires et le souhait de terroristes d’acquérir des armes de destruction massive. Nous devons résoudre ces nouveaux problèmes avec les outils existants, c’est pourquoi il faut renforcer le Traité de non-prolifération. Certaines des solutions à adopter son du ressort des seuls États. La conférence de New York ne sera pas une conférence ordinaire, elle devra déterminer la politique sur les questions de sécurité nucléaire pour les cinq prochaines années et elle rassemblera tous les pays à l’exception de l’Inde, du Pakistan, d’Israël et de la Corée du Nord.
Cette conférence peut prendre sept décisions importantes :
 Décider d’un moratoire de cinq ans sur la construction d’installation permettant l’enrichissement de l’uranium. Il y a assez d’installations de ce type dans le monde. Pour que cela soit acceptable pour tous, les pays en disposant déjà doivent s’engager à fournir du matériel nucléaire aux autre pour de l’usage civil.
 Il faut convertir les réacteurs nucléaires existant en une technologie permettant d’employer de l’uranium non utilisable dans des armes.
 Il faut étendre les capacités d’inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
 Le Conseil de sécurité de l’ONU devra réagir contre tout pays quittant le Traité de non-prolifération.
 Il faut renforcer l’application de la résolution 1540 contre le commerce illégal de matériel nucléaire.
 Il faut organiser le désarmement des cinq puissances nucléaires conformément à leurs engagements.
 Il faut reconnaître que l’instabilité régionale et le sentiment d’insécurité des nations poussent à la prolifération nucléaire.

Source
Asahi Shimbun (Japon)

« 7 steps for preventing nuclear proliferation », par Mohamed ElBaradei, Asahi Shimbun, 15 février 2005.