Tony Blair est désespérément préoccupé par sa place dans l’histoire. Il semble qu’il apparaîtra comme le moins sincère des Premiers ministres des temps modernes. Il a encore opéré une volte-face à propos du référendum sur la constitution européenne, sous la pression des conservateurs et de certains de ses propres députés. Il n’a pas encore expliqué ce qui l’avait fait changer d’avis.
Si les Britanniques votent pour le « oui », les conservateurs, qui feront campagne pour le « non », respecteront ce résultat. Mais si les Britanniques votent pour le « non », alors un gouvernement conservateur poserait son veto à toute constitution alors que les travaillistes se contenteront de renégocier le texte. Nous avons besoin d’un débat honnête sur ce sujet, mais Tony Blair veut le détourner en en faisant un débat pour ou contre l’Europe alors qu’il ne s’agit que de savoir si nous acceptons ce texte ou non.
En réalité, si les Britanniques refusent ce texte, ils rendront service à l’Union européenne qui pourra alors se moderniser sur de nouvelles bases en ayant le Royaume-Uni à sa tête dans ce mouvement. Notre position est claire : l’Union européenne n’a pas besoin d’avoir une constitution : les États membres en ont déjà une et peuvent signer des traités, l’Union européenne n’est pas un État nation. Il faut une Europe flexible, moins bureaucratisée et plus concentrée sur la compétitivité internationale. Si on donne plus de compétence à l’Union européenne, l’économie britannique sera plus régulée et, surtout, l’Union deviendra un État supra-national auquel les États membres devront se soumettre.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« If the British people vote no, Europe will thank them », par Michael Ancram, The Guardian, 22 avril 2004.