Les problèmes en Irak n’avantagent pas Kerry, car il ne propose aucune alternative politique. Sa stratégie consiste à affirmer qu’il suivra la même politique tout en cherchant plus de soutien international. Tactiquement, il ferait mieux de faire ce que l’homme avec qui il partage les initiales, John F. Kennedy, avait fait en doublant Nixon sur la droite en lui reprochant son manque de préoccupation au sujet de l’écart significatif entre l’URSS et les États-Unis dans le domaine des missiles, un écart qui n’existait pas en réalité. Aujourd’hui, nous faisons face à un réel manque d’effectifs dans l’armée et cette question n’a pas été traitée par George W. Bush.
Il y a un manque de troupes et si les généraux ne demandent pas plus d’hommes en Irak c’est qu’ils savent qu’il n’y en a pas de disponibles. Même les Marines sont sur-déployés et la Garde nationale et les réservistes sont eux aussi mis largement à contribution. Donald Rumsfeld l’a tacitement reconnu et il serait facile de rappeler à Dick Cheney qu’il avait reproché le manque d’effectif et le sur-déploiement à l’équipe Clinton-Gore.
Cette situation offre une ouverture à Kerry qui a déjà affirmé qu’il souhaité engager 40 000 hommes supplémentaires dans l’armée. Il faut qu’il promette d’en engager 100 000 de plus. Cela pourrait être coûteux mais on peut dégager des fonds en abandonnant certains programmes militaires qui ne servent à rien pour combattre des guérillas et des terroristes et en augmentant le budget de l’armée. Quoi qu’il en soit, pour être crédible il faudrait que Kerry en fasse un thème de campagne majeur.

« Kerry Needs ’Muscle Gap’ to Run On », par Max Boot, Los Angeles Times, 29 avril 2004.