Le rapport de la Commission d’enquête sur le 11 septembre a été critiqué sur deux points : nous aurions été trop vite en besogne et la structure du renseignement que nous proposons de mettre en place étoufferait les analyses et politiserait les informations.
Premièrement, cela fait deux ans que nous travaillons sur ces questions. Nous avons auditionné 1200 personnes et nous nous sommes appuyés sur des recommandations accumulées par des groupes d’experts depuis 50 ans. Aujourd’hui, il est temps d’agir. En ce qui concerne la seconde critique, il faut noter que le statu quo n’a pas permis d’analyse comparative et que ce système a laissé advenir les attentats du 11 septembre. Nous proposons d’institutionnaliser le partage des informations, non pas pour développer la « pensée de groupe » (c’est-à-dire l’assentiment au consensus), mais pour développer la confrontation d’analyses différentes. Cela sera également facilité par le renforcement du poste de directeur national du renseignement, qui n’a aujourd’hui de pouvoir réel que sur la CIA, mais devrait orienter le travail des 15 agences de renseignement. L’objectif n’est pas de priver les différents départements de leurs services de renseignement, mais d’accroître le partage de renseignement afin que les analyses soient plus complètes. Nous avons aussi proposé des mesures pour diversifier les points de vue.
Ce ne sont pas les structures mises en place qui politisent les renseignements, ce sont les gens.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Intelligence Reform Can Wait No Longer », par Thomas H. Kean et Lee H. Hamilton, Washington Post, 8 septembre 2004.