Dans leur tribune du 25 janvier, Henry Kissinger et George P. Shultz dénoncent par anticipation toute stratégie de sortie d’Irak qui prévoirait un calendrier. Cette logique a été adoptée par l’administration Bush et elle serait cohérente dans les Balkans et l’a été en Allemagne ou au Japon pendant l’après-guerre, mais elle perd toute pertinence dès lors que l’on fait face à une insurrection qui ne cesse de prendre de l’importance en raison précisément de la présence de nos troupes.
Il ne faut pas un retrait abrupte ou radical, mais nous devons mettre au point un retrait progressif. L’annonce d’une forte diminution de la présence étrangère devrait aider à stabiliser l’Irak. Il ne faut toutefois pas un retrait total sous peine de voir une guerre civile éclater. Nous devons accepter que la coalition est devenue une partie du problème et que la forte croissance des effectifs de l’insurrection est essentiellement liées à l’engagement en son sein des Arabes sunnites qui rejettent l’occupation étrangère et croient que les États-Unis sont là pour piller leurs richesses. Cette image est injuste, mais elle se propage et contre cette image, il faut annoncer un retrait substantiel de nos troupes. Il faut qu’entre les deux tiers et les trois quarts de nos troupes aient quitté le pays à la mi-2006 et que ce retrait commence dès l’élection d’un gouvernement constitutionnel en 2005.
Cette stratégie est risquée, mais il n’y a plus de stratégie sûres à présent.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Time to Announce a Timetable », par James Steinberg et Michael O’Hanlon, Washington Post, 2 février 2005.