Pour une fois l’Union européenne et George W. Bush ont trouvé un terrain d’accord : du mauvais côté. Ce thème unificateur est l’attitude vis-à-vis de la Russie.
George W. Bush n’a pas perdu une occasion, avant et après le sommet de Bratislava, de louer les vertus de la démocratie, sous-entendant ainsi que la fédération de Russie n’en était plus une et qu’on assistait à une dérive autoritaire sous la présidence de Vladimir Poutine. On a également entendu de vives critiques côté européen à propos de la volonté de Moscou de re-centraliser les exécutifs provinciaux. Les décideurs russes sentent de plus en plus qu’ils sont attaqués par les idéologues de Washington et les zélotes de Bruxelles. Cela pousse les Russes à se détourner de cet Occident qui les rejette et à se tourner vers l’Est, d’autant plus que cette région est appelée à devenir le centre de l’économie mondiale. Pour les Russes, leur pays est vaste est divers et il faut qu’un homme d’État quasi-miraculeux pour garder le pays uni après le traumatisme de la perte du statut de super-puissance et l’éclatement de l’URSS. Il faut se souvenir également que la Russie a été énormément mise à mal par les mauvais conseils occidentaux de libéralisation de l’économie.
L’objectif des dirigeants russes est de stabiliser le pays, mais quoi qu’ils fassent, ils sont accusés de mal faire à l’étranger. Poutine s’attaque aux oligarques comme Mikhail Khodorkovsky et Boris Berezovski et il est accusé de pratiquer l’arbitraire, mais a-t-il une politique arbitraire ou bien combat-il un pouvoir arbitraire ? Concernant sa politique étrangère, notons que l’attitude vis-à-vis de l’Iran n’est pas très différente de celle de l’Union européenne. Et si la vente d’armes à la Syrie et la politique en Tchétchénie sont contestables, ce n’est pas une raison pour s’aliéner un pays au potentiel énergétique essentiel pour l’Europe et qui pourrait mal évoluer si l’occident l’attaque.

Source
International Herald Tribune (France)
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« In defense of Vladimir Putin », par David Howell, International Herald Tribune, David Howell, 2 mars 2005.