La directive Volmer n’a rien a voir avec l’idéologie verte. Fischer lui même a peu de sympathie pour les gens qui se disent bons. Il s’agit simplement d’une continuité de la politique allemande d’ouverture à l’Europe de l’Est. Tout gouvernement allemand s’est demandé quelle devait être son attitude après la chute du communisme, la première décision importante du gouvernement Kohl fut un accord avec la Pologne et sur pression des défenseurs des libertés, l’ouverture des frontières allemandes au tourisme…
La politique des visas vis à vis de l’Est était trop restrictive, les rouges-verts ont pris les mesures pour faciliter la circulation des personnes, cela a créé une brèche dans laquelle se sont engouffrés les criminels et les passeurs. Bien sur c’est un devoir moral quand on ouvre les frontières de faire en sorte que les trafiquants n’en profitent pas mais je pense que le trafic humain ne se combat pas à l’aide de visas. Pour moi le certificat de solvabilité est dangereux et asocial. Walter Benjamin est mort dans sa fuite devant les nazis parce qu’on le lui avait refusé.
Fischer doit s’expliquer clairement et le plus vite possible sur cette affaire. Ce qu’il ne faut pas c’est que l’on dise que des erreurs ont été commises sans dire lesquelles. Pour leur défense, les verts doivent confronter la CDU à sa propre politique extérieure. En janvier 2005 par exemple, le Parti Populaire Européen (PPE) a proposé un assouplissement du régime des visas pour les Ukrainiens au parlement européen. Cela a été adopté et tous les députés CDU, CSU et FDP l’ont voté. Les verts auraient du s’expliquer il y a 3 mois déjà, quand les faits ont été connus.
Il y a une espèce de réflexe chez les verts à considérer que la pensée sécuritaire est réactionnaire quand elle s’applique à la politique envers les étrangers. C’est un cercle vicieux et le gros problème des verts. On ne peut pas à la fois être le défenseur des Droits de l’Homme et être le chef de la police.

Source
Die Zeit (Allemagne)

« Die Grünen sollten aufhören zu jammern », par Daniel Cohn-Bendit, Die Zeit, 24 février 2005. Ce texte est adapté d’une interview.