Maintenant : À quand une déclaration de votre parti ? Faut-il compter en jours, en semaines, en mois ?

Daw Aung San Suu Kyi : Depuis le premier jour j’ai déclaré que je refuse de me livrer à des spéculations. Les Birmans croient énormément aux diseurs de bonne aventure et je ne veux pas encourager ce genre de croyances.

Pensez-vous que l’approche "gandhienne" de non-confrontation est toujours valable aujourd’hui en Birmanie ?

Daw Aung San Suu Kyi : Cela dépend comment vous interprétez le mot confrontation. À vrai dire, ce n’est pas moi qui ai utilisé ce mot la première mais mes opposants, lors des événements de 1988 et 1989 : ils affirmaient que je cherchais la confrontation. Je crois qu’il serait bon de faire la différence entre désaccord et confrontation.

C’est démocratique de pouvoir dire "je ne suis pas d’accord". Ce n’est pas parce que quelqu’un pense autrement que vous devez l’accuser de chercher la confrontation. Si vous n’êtes pas d’accord avec les idées d’autrui, la meilleure chose à faire est d’en parler, afin de trouver une solution acceptable pour chacun. Mais si vous refusez de discuter, alors la situation devient confrontation.

La France, avec la compagnie pétrolière Total, est l’un des principaux investisseurs étrangers en Birmanie. Comment sa présence peut-elle être utile à votre pays ?

Daw Aung San Suu Kyi : C’est ce que j’aimerais savoir. J’aimerais savoir comment la présence de Total et de toutes les autres multinationales affectent les gens de ce pays. Qu’apportent les investisseurs étrangers à la population birmane ? Est-ce que cela bénéficie réellement à mon peuple ? Cela reste à pouver.(...) Je pense que nous avons besoin de plus de garanties à ce sujet.

(...) Par ailleurs, je réaffirme aux investisseurs étrangers que ce n’est pas le moment de se hâter pour venir réaliser de nouveaux investissements ici : Please, wait and see ! [1]

Depuis votre libération, vos déclarations sont très prudentes. Est-ce la fin de votre philosophie appelant à "se libérer de la peur" ?

Daw Aung San Suu Kyi : Non. Nous devrons toujours nous battre contre la peur, et ce, aussi longtemps que nous vivrons. Je ne pense pas qu’il y ait de fin à cette lutte.

[1S’il vous plaît, attendez de voir !