« Le retour de l’opération honte du désert »

Desert Shame Redux
National Review (États-Unis)

[AUTEUR] Michael Ledeen est éditorialiste régulier de National Review. Il est l’auteur de The War Against the Terror Masters. Il détient la chaire de la Liberté à l’American Enterprise Institute. À ce titre, il fut l’un des principaux organisateurs du dîner de gala du 26 février dernier au cours duquel le président Bush prononça son discours sur l’avenir de l’Irak. Michael Leeden est l’un des experts du cabinet de relations publiques Benador Associates.

[RESUME] A la fin de la première Guerre du Golfe, nous avons commis l’erreur de ne pas profiter de notre victoire pour remodeler la région pour notre propre intérêt alors même, que c’était ce que les pays arabes attendaient et que c’est ce qu’ils auraient fait à notre place. Nous nous sommes arrêtés en cours de route et nous avons envoyé un mauvais message à la région : les États-Unis ne sont pas prêts à défendre leurs valeurs et leurs objectifs dans la région. Nous avons été victimes d’un aveuglement légaliste qui nous a poussé à croire que nous ne devions pas risquer davantage de vies américaines et dépenser plus d’argent pour nous battre et que nous pouvions atteindre nos objectifs en faisant de la propagande dans la région pour que les habitants agissent à notre place. L’opération « Tempête du désert » est devenu la « honte du désert ».
Aujourd’hui, nous ne devons pas nous arrêter en cours de route. L’Irak ne doit être considéré que comme une bataille dans la guerre que nous menons contre les maîtres terroristes syriens, iraniens, irakiens et saoudiens. Nous devons nous battre politiquement et militairement.
Il est décourageant de voir Zalmay Khalilzad du National Security Council négocier secrètement avec les Iraniens et Colin Powell se réjouir de son voyage à Damas. George W. Bush ne doit pas commettre les mêmes erreur que son père et il doit combattre les maîtres terroristes plutôt que de négocier avec eux.

« La route de Damas »

The Road to Damascus
Wall Street Journal (États-Unis)

[AUTEUR] Itamar Rabinovich est président de l’Université de Tel-Aviv et a été ambassadeur d’Israël aux États-Unis. Il a été responsable des négociations avec la Syrie au milieu des années 90 et il est l’auteur de The Brink of Peace : The Israeli-Syrian Negotiations.

[RESUME] Les effets de la victoire en Irak vont être jugés au regard des efforts pour mettre en place la « feuille de route » pour les Israéliens et les Palestiniens et dans les relations complexes de Washington et Damas.
Les États-Unis ne vont pas attaquer la Syrie pour l’instant, mais ils doivent gérer différentes questions de façon urgente.
 La Syrie souhaite l’installation d’un régime ami, ou au moins non-hostile à Bagdad, et un départ rapide des troupes états-uniennes. Aussi elle pourrait soutenir les tentatives de déstabilisation de L’Irak par l’Iran.
 La Syrie détient des armes de destruction massive et demande une dénucléarisation d’Israël en échange de leur abandon.
 La Syrie soutient des organisations terroristes comme le Jihad islamique et avec le Hezbollah. Damas prétend que ce sont des mouvements de résistance et qu’il n’a aucune influence sur le Hezbollah.
 Les négociations entre Israël et la Syrie sont au point mort et Damas veut récupérer les territoires perdus en 1967.
Les relations entre la Syrie et les États-Unis sont complexes, mais elles se sont sérieusement dégradées suite au désaccord sur la crise irakienne. Après sa victoire en Irak, l’administration Bush doit se souvenir qu’elle a un moyen de pression sans précédent sur la Syrie. Il ne faut pas exiger un réalignement total de la politique de Damas. La démocratisation du pays ou la libération du Liban ne sont pas à l’ordre du jour, mais des avancées significatives peuvent être obtenues sur les autres questions.

« Les amis d’Israël devraient soutenir la " Feuille de route " de Bush »

Israel’s friends should support Bush ’road map’
Boston Globe (États-Unis)

[AUTEURS] Le Dr. Yoram Peri est ancien conseiller du Premier ministre Yitzhak Rabin. Shira Herzog est commentateur des affaires israéliennes.

[RESUME] La « feuille de route » offre une opportunité de sortir de la spirale de la violence dans laquelle sont enfermés les Israéliens et les Palestiniens. La victoire des États-Unis en Irak a montré à la Syrie, à l’Iran et à l’Autorité palestinienne qu’ils ne tolèreront pas les régimes qui soutiennent le terrorisme et développent des armes de destruction massive. Israël a aujourd’hui une chance d’enfin accéder à la paix
Malheureusement, certains Israéliens veulent profiter de la faiblesse actuelle des pays arabes pour maintenir le statu quo et développer les colonies. Au contraire, pour sortir de notre isolement diplomatique et relancer notre économie, il faut négocier avec les réformateurs palestiniens qui sont en train de prendre le pas sur Yasser Arafat pour la première fois depuis 20 ans. Certains voient la feuille de route comme le prix à payer par Israël pour que les États-Unis retrouvent une place dans la région alors qu’il s’agit d’une chance pour Israël. Si Mahmoud Abbas lutte effectivement contre le terrorisme, Ariel Sharon doit absolument saisir cette opportunité.

« Une feuille de route vers nulle part »

Road Map to Nowhere
Foreign Policy in Focus (États-Unis)

[AUTEUR] Dan Smith est analyste militaire pour Foreign Policy in Focus et ancien colonel dans l’U.S. army. Il est membre du Friends Committee on National Legislation.

[RESUME] D’après l’administration Bush, la présence états-unienne en Irak doit être le prélude à la résolution du conflit israélo-palestinien fondé sur la « feuille de route ». Ce plan arrive malheureusement un peu tard et il prévoit que d’ « ici à mai 2003 », donc techniquement ce mois-ci, la phase I soit terminée. Cela passe par la renonciation à la violence par les deux partis, la normalisation de la vie des Palestiniens, la mise en place des institutions palestiniennes et une collaboration entre les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes.
La question de la sécurité pose problème car si la violence ne s’arrête pas, les forces de sécurité israélienne ne sont pas obligées de se retirer des territoires palestiniens. En outre, si les Palestiniens doivent reconnaître le droit d’Israël à exister, Israël n’est pas obligé de soutenir la solution des deux États. La question des colonies posera également problème pour des raisons politiques dans le gouvernement israélien.
La phase II doit durer de juin à décembre 2003 et traiter des questions régionales, questions qui pourront retarder la création d’un État palestinien si elles n’aboutissent pas. Ce plan ne prévoit rien, par ailleurs, si les négociations sont bloquées. En fait, la feuille de route pourrait ne pas se relever des tensions entre Mahmoud Abbas et Arafat pour la constitution du nouveau gouvernement. La politique d’Abbas sera fonction de la rapidité avec laquelle Ariel Sharon lèvera les restrictions contre les Palestiniens. C’est une question de confiance, notion absente des relations israélo-palestinien les 31 derniers mois.

« Le Premier ministre palestinien n’ira nulle part s’il essaye d’agir seul »

Palestinian Prime Minister Will Go Nowhere if He Attempts a Solo Act
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Dennis Ross a été directeur de la planification politique au département d’État sous la présidence de Bush père. Il a été coordinateur pour le Proche-Orient sous l’administration Clinton. Il est directeur du Washington Institute for Near East Policy.

[RESUME] La création d’un poste de Premier ministre palestinien a été obtenue grâce à la pression de l’administration Bush, mais cette idée avait été émise par les réformateurs palestiniens qui cherchaient un moyen d’écarter Arafat tout en le conservant comme symbole de la lutte.
Mahmoud Abbas a pris ses fonctions en dénonçant fermement le terrorisme, en reconnaissant les souffrances des Israéliens et en exigeant que les milices palestiniens soient désarmées. Les intentions d’Abbas sont claires et sa volonté d’agir sincère, mais il va faire face à plusieurs obstacles. En effet, Yasser Arafat ne voudra pas céder de son pouvoir et il s’est déjà opposé au désarmement des brigades des martyrs d’Al Aqsa. En outre, les groupes comme le Hamas refusent de rendre les armes. Enfin Abbas va devoir changer son image d’homme d’Israël et des États-Unis. Pour surmonter ces difficultés, Abbas devra améliorer les conditions de vie des Palestiniens. De son côté, le gouvernement israélien doit se préparer à coopérer, mais il ne le fera pas s’il a l’impression qu’une détente augmente le risque d’attentats suicide.
Abbas va avoir besoin de l’aide des dirigeants arabes qui doivent le soutenir publiquement et de l’aide d’Israël et des États-Unis.

« Conférence centrale d’Irak : aider à la construction d’un Irak libre et pacifique »

Central Iraq Conference : helping to build a free and peaceful Iraq
Foreign and Commonwealth Office (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Mike O’Brien est député travailliste et responsable des questions liées au Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères britanniques.

[RESUME] Le symbole représenté par le rassemblement de la conférence centrale de l’Irak, le jour de l’anniversaire de Saddam Hussein, n’a pas échappé aux 250 dirigeants régionaux irakiens venus discuter de l’avenir de leur pays. En moins de six semaines, le régime de Saddam Hussein s’est effondré et les Irakiens ont désormais plus de libertés qu’ils n’en ont eut pendant 20 ans.
Cette conférence est le premier pas vers un Irak libre, démocratique et pacifique. Nous voulons soutenir ce processus politique durant lequel les Irakiens décideront par eux-mêmes de leurs futures institutions. De même, le pétrole sera placé dans les mains du peuple irakien dès que possible pour qu’il finance la reconstruction. Nous espérons que le processus consultatif aboutira à l’établissement d’une autorité intérimaire qui prendra rapidement en charge l’administration de l’Irak tout en représentant la diversité du peuple d’Irak et en faisant participer les femmes. Pour l’instant, la Coalition aide à la reconstruction de l’Irak, mais ce n’est que temporaire. Nous voulons que nos troupes quittent l’Irak dès que possible. Nous allons construire une nouvelle culture politique en Irak qui garantira la liberté aux générations futures.

« Observer les parallèles entre l’Iran et l’Irak »

Heed the Iran-Iraq parallels
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Henry Precht est ancien membre du département d’État où il a été directeur des affaires iraniennes durant la révolution de 1979 et la crise des otages.

[RESUME] Les parallèles entre la révolution iranienne de 1979 et l’Irak d’aujourd’hui sont frappants et instructifs. Le Shah et Saddam Hussein étaient deux autocrates qui n’ont pas permis l’émergence de groupes d’opposition séculiers qui constituent les fondements de la démocratie. Les dissidents n’avaient pas d’autres choix que de partir en exil ou de se retrouver dans les mosquées.
Quand les deux dictatures se sont effondrées, les exilés sont revenus, les extrémistes ont émergé des mosquées, tandis que les services publics s’effondraient. En Iran, les extrémistes religieux ont profité de la crainte répandue dans la population de voir les États-Unis rétablir le Shah comme ils l’avaient fait en 1953. Aujourd’hui, les Irakiens craignent de voir les États-Unis fabriquer un régime vassal pour exploiter le pétrole et installer des bases militaires de sorte que les groupes religieux extrémistes se développent.
Il faut retenir les leçons de 1979 et diminuer la crainte de la domination états-unienne en impliquant l’ONU.

« Le Patriot Act est nécessaire mais aussi des amendements »

Patriot Act is needed, but so are revisions
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Amitai Etzioni est professeur de sociologie à la George Washington University. Il est l’auteur de The Limits of Privacy. Il a été membre de la Task Force on National Security in the Information Age, groupe financé par la Markle Foundation, qui regroupe les principales sociétés de hautes technologies et des représentants des agences de renseignement des États-Unis.

[RESUME] J’ai des raisons personnelles pour m’opposer à l’élargissement du champ du Patriot Act.
En 1964, j’ai été la victime d’un test de ma loyauté organisé par le FBI suite à des prises de positions publiques dans lesquelles j’avais critiqué la Maison Blanche. Un faux espion polonais me proposait de trahir mon pays ou sinon il aurait révélé que je vivais avec une femme avec laquelle je n’étais pas marié, ce qui était choquant à l’époque. J’avais refusé et j’avais prévenu le FBI qui n’avait rien fait. J’avais appris en 1990 qu’il s’agissait d’un test organisé par un agent du FBI.
Une société ne reste pas libre très longtemps si ceux qui critiquent le gouvernement sont traités comme des traîtres. Je comprends cependant que, depuis le 11 septembre, nous devons adopter de nouvelles mesures pour assurer notre sauvegarde. Je soutiens beaucoup d’entre elles, mais rien n’apprend plus que l’expérience. Or, être traité comme un suspect uniquement à cause de mes opinions m’a beaucoup appris. C’est pourquoi il faut créer un organe de contrôle chargé de surveiller les forces de sécurité des États-Unis, composé par des citoyens respectables et indépendants.

« Le goût de l’autoritarisme a engendré un goulag américain »

Appetite for Authoritarianism Spawns an American Gulag
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jonathan Turley est professeur de droit à la George Washington University.

[RESUME] Alors que les États-Unis ont reconnu la semaine dernière qu’ils détenaient des adolescents de moins de 16 ans à Guantanamo il est temps de rappeler certains faits concernant la plan de l’administration Bush pour faire face à l’accroissement du nombre des détenus à Guantanamo.
Il y a 664 détenus dans ce camp qui était prévu à l’origine pour enfermer uniquement les Afghans convaincus de crime de guerre. La plupart ne seront pas jugés. L’administration Bush prétend qu’il ne s’agit pas de « personnes », au sens où l’entend la Constitution des États-Unis, et qu’ils ne peuvent donc prétendre à aucun droit. Quiconque est soupçonné d’être un terroriste ou d’avoir aidé des terroristes peut y être enfermé sans procès. Ce type de prison a déjà existé dans l’histoire : ce sont les goulags.
John Ashcroft semble vouloir permettre aux autorités de détenir des individus indéfiniment. C’est ce qui est prévu pour certains immigrants légaux dès lors que les autorités affirment qu’ils représentent une « menace pour la sécurité nationale ». Il existe un goût pour l’autoritarisme dans l’administration Bush et si le nombre de personnes touchées demeure faible pour l’instant, il est de plus en plus important.
Les Américains ne comprennent pas le le pillage de musées par la population en Irak, mais ils ne s’étonnent pas que nous aussi saccagions notre jeune histoire en laissant l’administration Bush s’attaquer aux principes constitutionnels.