La situation en Afrique fait de la survie la première des priorités. C’est pourquoi l’uranium y est vendu à qui est prêt à payer. Le Niger, le Tchad, le Mali et le Burkina Faso sont parmi les pays les plus pauvres du monde et comme ils n’ont rien à vendre hormis leur uranium, celui-ci devient un produit comme les autres.
Saddam Hussein n’a peut-être pas obtenu d’uranium provenant du Niger, mais il l’aurait obtenu de n’importe quel pays de la région s’il l’avait voulu. Si l’administration Bush et les autres gouvernements occidentaux veulent empêcher l’Iran ou la Corée du Nord d’obtenir de l’uranium africain, ils doivent s’engager à aider ces nations pauvres. Après l’effondrement de l’URSS, les États-Unis ont dépensé des milliards pour s’assurer que les armes nucléaires russes ne tomberaient pas dans les mains d’États ou d’individus hostiles. Pourquoi ne pas faire de même avec l’Afrique ?
En Angola et en Sierra Leone, les diamants extraits et exportés illégalement ont financé les guerres civiles qui ont fait des milliers de morts. Les ressources minières ont poussé le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe à faire la guerre en République démocratique du Congo. Interdire aux pays africains de vendre de l’uranium aux États voyous ne sert à rien tant que les difficultés économiques perdurent. Pire est la situation, plus grande est la chance que des échanges aient lieu. Cette tendance, accentuée par la corruption et les guerres qui entraînent la fin du contrôle du gouvernement sur certaines parties de leurs territoires font empirer la situation.
Dans ces conditions, aider l’Afrique est aussi une question de sécurité pour les États-Unis et le reste du monde.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Don’t force Africa to bargain with its uranium », par Shehu Sani, International Herald Tribune, 21 novembre 2003.