L’absence de démission de Donald Rumsfeld suite au scandale d’Abu Ghraib est typique du manque de responsabilité du gouvernement états-unien. Le 11 septembre a fait 3000 morts, l’Irak a été envahi sur le motif d’informations inexactes concernant les armes de destruction massive et malgré cela nous n’avons eu aucune démission dans le monde du renseignement hormis celle du général Poindexter suite au rejet de son programme qui aurait pu éviter un nouveau 11 septembre.
La seule fonction où l’on est contraint à la démission, lorsqu’on est responsable et même sans être coupable, c’est l’armée. Un tel mode de fonctionnement devrait s’appliquer au gouvernement. Rumsfeld ne peut pas vraiment être jugé coupable des exactions en Irak. Certains l’accusent d’avoir créé une culture de l’abus en refusant de donner un statut légal de prisonnier de guerre aux combattants illégaux, mais leur donner ce statut nous aurait interdit de les interroger sur autre chose que leur nom et leur grade. Cela n’empêche pas que nous n’avions pas le droit de torturer les détenus d’Abu Ghraib et les soldats sur place sont allés trop loin. Rien ne prouve qu’ils aient agi sur ordre de leur hiérarchie, mais compte tenu des dommages terribles pour les États-Unis causées par cette affaire, le secrétaire à la Défense doit démissionner.
Une telle démission fera par ailleurs s’interroger les Arabes sur leur gouvernement : ils tolèrent la torture, pas le nôtre. Face à cet argument, celui de Cheney affirmant que Rumsfeld est le meilleur secrétaire à la Défense de l’histoire des États-Unis ne passe même pas le test de l’hilarité. Rumsfeld a certes eu des réalisations louables, mais il s’est aussi trompé dans sa gestion de l’Irak et il s’est mis les militaires à dos. Il doit démissionner même si malheureusement une telle démission pourrait donner des armes à nos ennemis et aux démocrates.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« To Help Restore U.S. Standing, Rumsfeld Must Take the Fall », par Max Boot, Los Angeles Times, 13 mai 2004.