Les actes de nos ennemis ces dernières semaines ont été brutaux, prémédités et instructifs. La mort d’Ezzedine Salim, le chef du Conseil de gouvernement irakien démontre leurs intentions : empêcher l’autodétermination de l’Irak et retourner à la tyrannie. La décapitation d’un jeune américain montre un mépris pour toutes les règles de la guerre et un fanatisme qu’aucune de nos actions n’a provoqué et que rien ne pourra apaiser. Nous soupçonnons l’homme qui tenait le couteau d’être Zarkawi. Lui et les autres terroristes savent que l’Irak est au cœur de la guerre au terrorisme et nous devons aussi le comprendre : l’avènement d’un Irak libre serait un coup d’arrêt décisif pour eux.
Notre tâche en Irak sera délicate. La chute de Saddam Hussein a eu pour conséquence inattendue un passage de ses fidèles à la clandestinité et à l’action terroriste. Ils se sont associés avec des combattants étrangers. Ils veulent user notre détermination, mais rien ne pourra l’entamer. Notre force est que nous opposons la liberté et l’indépendance à la violence propagée par nos adversaires. Nous avons un objectif clair : mettre le peuple irakien au pouvoir en Irak.
Notre plan pour instaurer la démocratie en Irak comprend cinq étapes :
 Nous transmettrons l’autorité à un gouvernement irakien souverain. Cette première étape aura lieu le 30 juin, jour où M. John Negroponte présentera ses lettres de créance au nouveau gouvernement irakien désigné par M. Brahimi. D’ores et déjà, douze ministères sont sous le contrôle direct des Irakiens. Le transfert de souveraineté est un élément essentiel de notre stratégie.
 Nous aiderons à instituer la sécurité. La Coalition et les Irakiens ont les mêmes ennemis et contre eux nous allons maintenir une force de 138 000 hommes aussi longtemps que cela sera nécessaire. Comme l’a montré notre action à Falludja, nous partageons la responsabilité de la sécurité avec les Irakiens et ceux-ci voient ainsi que nous leur faisons confiance. À Nadjaf, face aux milices d’un jeune imam radical et rejeté par les autres dirigeants chiites qui se cachent dans la population, nous faisons très attention aux conditions locales. À terme, les forces irakiennes devront être les premiers défenseurs de leur pays et nous sommes en train de les former.
 Nous continuerons à reconstruire l’infrastructure du pays. Nous aidons à construire des écoles et des hôpitaux et aujourd’hui l’économie de l’Irak est essentiellement privée. La production pétrolière augmente et les créanciers internationaux renoncent à recouvrer ou acceptent de réduire leur créances. James Baker a eu dans ce dossier un rôle prépondérant. Il faut également effacer des décennies de mauvaises gestion et mettre sur pieds de nouvelles infrastructures et notamment un système carcéral humain et bien supervisé. Sous Saddam Hussein, des prisons comme celle d’Abu Ghraib étaient synonymes de mort et de torture, aujourd’hui cette même prison est devenue le symbole de la conduite honteuse de quelques soldats américains qui ont déshonoré leur pays et méprisé nos valeurs. L’Amérique financera la construction d’une prison moderne de sécurité maximale en remplacement d’Abu Ghraib et ensuite, avec l’approbation du gouvernement irakien et afin de symboliser le renouveau de l’Irak, nous démolirons la prison d’Abu Ghraib.
 Nous encouragerons un plus grand appui international. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont présenté une nouvelle résolution à l’ONU. Malgré les désaccords passés, de nombreuses nations ont indiqués leur ferme soutien au succès d’un Irak libre. Lors du sommet de l’OTAN à Istanbul, nous discuterons de son rôle dans la reconstruction.
 Nous organiserons une élection nationale qui donnera au peuple irakien de nouveaux dirigeants qui jouiront de son appui. En janvier, les Irakiens choisiront une assemblée nationale de transition qui désignera un gouvernement et rédigera une constitution. Elle devra être approuvé par référendum et, suivant les modalités prévues, une nouvelle assemblée sera élue avant la fin de l’année suivante.
Ces cinq étapes seront difficiles car les terroristes redoubleront d’efforts pour nous faire échouer et la violence se développera. Toutefois, grâce à notre action, les Irakiens libérés pourront trouver leur propre voie. Nous avons déjà beaucoup fait dans la guerre au terrorisme et cela a exigé des sacrifices, mais c’était notre devoir pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destructions massives. Nous croyons que la liberté peut améliorer et changer les vies dans le Grand Moyen-Orient, comme elle l’a fait en Asie, en Amérique latine, en Europe de l’Est et en Afrique. Nous n’échouerons pas.
Que Dieu bénisse notre pays.

« Les forces de la liberté prévaudront en Irak », par George W. Bush, Réseau Voltaire, 24 mai 2004. Ce texte est adapté du discours prononcé à l’United States Army War College (Ecole militaire de l’armée de terre) à Carlisle (Pennsylvanie).