Parfois, un petit incident peut être extrêmement révélateur. En avril, le département d’État a publié son rapport annuel sur le terrorisme dans le monde. Il concluait que nous avions atteint le plus faible nombre d’attaques depuis 1969. Les responsables de l’administration Bush en ont conclu qu’ils étaient en train de gagner la guerre au terrorisme. Le rapport avait cependant oublié de comptabiliser les attentats d’Istanbul qui ont fait 61 morts et qui donnent un bilan supérieur à celui de 2002.
La morale de cette histoire est peut-être que l’administration Bush ment systématiquement, mais je ne le pense pas. Cette histoire est trop grosse et un enfant de dix ans pouvait voir les erreurs du dossier. Je pense qu’il s’agit plus d’incompétence que de duplicité. Les membres de l’administration Bush sont forts pour annoncer des politiques, mais mauvais pour les appliquer. Avant la guerre d’Irak, la diplomatie états-unienne n’a pas réussi à enrôler les Turcs et les déclarations de Dick Cheney en août 2002 affirmant qu’il n’était pas nécessaire que des inspecteurs retournent en Irak ont fait douter de la sincérité de la demande de George W. Bush en ce sens quelques semaines plus tard. Par la suite, L. Paul Bremer s’est mis à dos tous les politiciens irakiens et les hésitations en Irak sur le rôle de l’ONU ou de Amhed Chalabi montrent les divisions de Washington. L’administration Bush a également été incapable de définir une politique cohérente vis-à-vis de l’Iran et de la Corée du Nord.
Le vrai problème est que le National Security Council ne coordonne pas le travail des différents services. Condoleezza Rice ne parvient pas à unifier les politiques du département de la Défense et du département d’État et quand une erreur est commise, personne n’est responsable. À la décharge de Rice, il faut reconnaître qu’il n’est pas facile de gérer des personnalités comme Donald Rumsfeld et Colin Powell ou même leurs assistants Paul Wolfowitz et Richard L. Armitage. Et elle n’est pas aidée par Bush.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Bush’s Team Needs a Coach », par Max Boot, Los Angeles Times, 17 juin 2004.