Lorsque j’ai rencontré Zaneb à Brighton pendant la convention travailliste, elle ne pouvait marcher qu’avec des béquilles. Une de ses jambes était amputée après qu’elle et les enfants avec qui elle jouait furent touchés par les bombardements à Bassora lors de l’invasion. 17 membres de sa famille sont morts ce jour-là. Cet événement est caractéristique des guerres modernes qui font plus de morts parmi les civils que parmi les combattants et dans un pays en voie de développement comme l’Irak, où la moitié de la population a moins de 14 ans, nombre de morts sont des enfants. Toute décision de mener une guerre doit tenir compte de ces paramètres et il ne faut donc amorcer une guerre que quand on dispose de certitudes.
Il est désormais clair, au contraire, que la décision de faire la guerre à l’Irak n’a été prise qu’en se basant sur des renseignements sporadiques qui se sont révélés faux, ce que le gouvernement savait avant de décider de mener la guerre. Désormais que cela est évident, Tony Blair plaide les bonnes intentions. Si on le croit, il aurait agit sur la base d’informations erronées. Dans ces conditions, pourquoi n’est-il pas davantage en colère contre ceux qui l’ont mal conseillé ? Blair est curieusement indulgent avec ceux-ci.
Une autre question qui se pose est la base légale sur laquelle la guerre a été décidée. Les experts sont désormais unanimes : cette guerre était illégale. Le 10 Downing Street a cependant préféré suivre les conseils légaux d’un professeur de la London School of Economics plutôt que ceux des experts du gouvernements qui affirmaient qu’il fallait une seconde résolution pour permettre d’attaquer l’Irak légalement. En outre, comme la justification légale à la guerre était le désarmement et qu’il avait eu lieu avant la guerre, le dossier légal ne repose aujourd’hui plus sur rien. Il s’agit d’une question cruciale, presque autant que le fait que nous ayons transformé l’Irak en source d’instabilité car la coopération dans la guerre au terrorisme repose sur le respect de la loi. En violent la loi, nous affaiblissons la coopération.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« This week’s casualty : the legal case for war in Iraq », par Robin Cook, The Guardian, 15 octobre 2004.