Je veux dire aux Européens pourquoi je serai un bon président pour la Banque mondiale, mais je veux aussi les écouter et tenir compte de leur point de vue. Je crois sincèrement à la mission de la Banque mondiale et je pense avoir les capacités pour combattre la pauvreté. La présidence de la Banque est un défi qui me passionne. C’est un travail incroyablement important, Jim Wolfensohn l’a démontré. Je pense que dans les objectifs affichés par George W. Bush, c’est à dire la promotion de la liberté et de la démocratie, il y a un volet politique et un volet économique. Cela ne veut pas dire que je vais utiliser mon poste pour favoriser les objectifs de l’administration Bush, mais je pense que lorsqu’on a réduit la pauvreté et fait la promotion du développement économique, il devient plus facile pour les peuples d’accéder à la liberté.
Je pense que les différences entre ma présidence et celle de Jim Wolfensohn seront moins nombreuses que les similitudes et je compte poursuivre sa politique de décentralisation. Les Européens ont fait part de leur préoccupation concernant ma nomination mais ils l’ont fait de façon constructive et je saurai m’entourer de leurs représentants les plus efficaces. Certains ont vu dans ma nomination après celle de John Bolton une offensive de l’administration Bush dans les institutions internationales, mais il s’agit là d’une mauvaise lecture de la politique états-unienne. Ces nominations n’ont rien à voir : John Bolton sera le représentant de l’administration Bush à l’ONU, mais moi je serai un fonctionnaire international devant répondre de mes actions devant tous les pays membres. Il ne faut donc pas lier ces deux nominations.
Concernant le Moyen-Orient, il y a beaucoup à faire, mais la situation au Liban et en Irak montre que la liberté est une force mobilisatrice puissante. Nous avons commis des erreurs en Irak, mais il est faux de dire que nous n’avions pas prévu les conséquences de la guerre. C’est simplement que la construction d’un nouvel Irak est un exercice difficile après 35 ans de dictature brutale.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« ’Important Things’ to Do », par Paul Wolfowitz, Washington Post, 27 mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.