Le tsunami de l’Océan indien a tué plus de 120 000 personnes et entraîné le déplacement ou l’appauvrissement de nombreuses autres. La globalisation a permis une information rapide des opinions publiques qui ont fait pression sur leurs gouvernements pour qu’une aide soit apportée. Toutefois, les fonds d’aide proviendront, en dépit des promesses, essentiellement des budgets déjà existant et notamment en provenance de l’ONU. Cet aspect ne sera pourtant pas vraiment pris en compte dans le débat sur l’ONU.
On reproche à l’ONU d’avoir échoué au Darfour, au Rwanda et d’avoir mal géré la crise en Irak, mais tous ces reproches sont imputables au seul Conseil de sécurité et plus précisément aux membres permanents de ce conseil. Les agences de l’ONU n’ont rien à voir dans l’inaction, mais les médias préfèrent inverser la réalité.
Visiblement irrité par une remarque du sous-secrétaire général des Nations unies aux Affaires humanitaires concernant l’action des pays riches face aux pays pauvres touchés par la catastrophe dans l’Océan indien, George W. Bush a affirmé que les États-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde allaient coordonner la réponse internationale à cette crise. Pourtant aucun de ces pays n’a les capacités pour organiser cette coordination et leur intervention risque de rendre le problème encore plus complexe alors qu’une action précise est nécessaire. S’attaquer au seul système international dont nous disposons en pleine période de désordre n’est pas opportun. Nous avons besoin de l’ONU pour rétablir la paix, répondre aux crises humanitaires et signer des accords concernant l’environnement.
Bien sûr, le système bureaucratique qui a empêcher la Guerre froide de se réchauffer doit être réformé pour faire face aux défis actuels, mais c’est justement ce à quoi s’emploie Kofi Annan. Si nous sapons cette institution, nous minons notre capacité à répondre aux problèmes majeurs du monde. Nous assistons à une baisse des dépenses humanitaires et une politisation des aides. Seul l’ONU peut freiner cette tendance et aider réellement les pays pauvres.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« We must resist America’s attempts to undermine the United Nations », par Clare Short, The Independent, 1er janvier 2005.